Réunie en Amazonie brésilienne, la COP30 a conclu ses travaux sur une série de décisions importantes destinées à soutenir la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Le volet financier a largement dominé les annonces, tandis que la question de la sortie des énergies fossiles est restée en suspens, laissant plusieurs délégations et organisations de la société civile sur leur faim.
À l’heure de dresser le bilan, Simon Stiell, le responsable d’ONU Climat, a salué l’émergence d’« une nouvelle économie » face à un modèle ancien rendu obsolète par son impact environnemental. Les discussions, prolongées jusqu’à la nuit de vendredi à samedi, ont permis de sceller un accord centré sur le soutien financier et l’opérationnalisation des dispositifs décidés lors des précédents sommets.
Les États se sont engagés à mobiliser, d’ici 2035, une enveloppe annuelle de 1.300 milliards de dollars pour l’action climatique, sous la conduite des économies développées. Le financement de l’adaptation doit être doublé d’ici 2025 puis triplé en 2035, et le fonds pour pertes et dommages entre officiellement dans sa phase de mise en œuvre. Belém voit également la création de deux initiatives — l’Accélérateur mondial de la mise en œuvre et la Mission 1,5 °C — destinées à renforcer l’ambition et la capacité d’action. La lutte contre la désinformation climatique est pour la première fois intégrée dans un texte de COP.
Si ces avancées marquent un tournant, l’absence d’un engagement explicite sur la réduction progressive des énergies fossiles demeure un point de tension. Cette omission a suscité des réserves chez plusieurs pays d’Amérique du Sud, au sein de l’Union européenne ou parmi les coalitions citoyennes, alors même que ces combustibles restent la principale source d’émissions.
Cette édition, première à se tenir au cœur de l’Amazonie, intervient après une mise en garde de l’ONU soulignant la difficulté croissante de limiter le réchauffement à 1,5 °C sans dépassement temporaire. Le texte final garde ainsi une orientation pragmatique : renforcer les financements, activer les mécanismes déjà décidés, et progresser par étapes vers une action climatique plus robuste.
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva avait présenté ce sommet comme « la COP de la vérité ». S’il reconnaît que le résultat ne satisfait pas toutes les attentes, le président de la conférence, André Corrêa do Lago, a assuré que les travaux se poursuivront. Deux feuilles de route doivent désormais être élaborées : l’une pour stopper puis inverser la déforestation, l’autre pour structurer une transition juste vers l’abandon des combustibles fossiles.
Le chemin vers un compromis n’a pas été simple. Des manifestations de communautés autochtones ont temporairement bloqué l’accès à la zone de négociation, et un incendie a perturbé les discussions à un moment décisif. Les délégations ont finalement trouvé un terrain d’entente axé sur le soutien financier et la consolidation des acquis des précédentes COP.
Depuis le sommet du G20 à Johannesburg, António Guterres a salué la capacité des États à parvenir à un accord dans un contexte géopolitique tendu. Il a toutefois rappelé que la perspective d’un dépassement du seuil de 1,5 °C doit servir de signal d’urgence, appelant à des réductions d’émissions rapides et au déploiement massif de financements.
Simon Stiell a, lui aussi, insisté sur l’importance des décisions adoptées. Il a mis en avant le texte Mutirão, qui fusionne quatre blocs de négociations sensibles en un accord unifié, accompagné d’une dizaine d’autres décisions. Le document affirme le caractère « irréversible » de la transition mondiale vers un développement résilient et bas carbone, en soulignant ses retombées économiques et sociales. Il rappelle également que les investissements dans les énergies renouvelables dépassent désormais ceux dans les énergies fossiles dans un rapport de deux pour un, une dynamique lourde de sens pour les choix politiques et économiques à venir.
La présidence brésilienne met aussi en avant les engagements volontaires enregistrés en parallèle des négociations. Le Fonds pour la préservation des forêts tropicales rassemble désormais 53 pays et a mobilisé 5,5 milliards de dollars. Le Plan d’action pour la santé de Belém, centré sur les risques sanitaires liés au climat, démarre avec 300 millions de dollars apportés par 35 fondations. L’alliance UNEZA, réunissant des entreprises de services publics, s’engage sur des investissements annuels de plusieurs dizaines de milliards de dollars dans les énergies renouvelables et les infrastructures de transport et de stockage. Une coalition représentant 25 000 bâtiments affirme avoir réduit ses émissions de CO₂ de 850 000 tonnes en 2024. Enfin, un mécanisme dédié à la transition juste doit renforcer le partage d’expertise et les capacités techniques des États.
La conférence de Belém se clôt ainsi sur une avancée nette en matière de financement et de coopération, tout en laissant entière la question de la sortie des combustibles fossiles, considérée comme indispensable pour maintenir l’objectif de 1,5 °C à portée.
Source: News.un.org


