La mise en application de la loi n° 81.12 sur la protection du littoral marocain se heurte à d’importants blocages, notamment sous la pression de puissants lobbies. Malgré des études coûteuses commandées par Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, la législation peine à être appliquée.

Adoptée en 2015 sous l’ère de Hakima El Haite, cette loi vise à interdire l’occupation illégale du domaine maritime, la privatisation des plages et l’extraction abusive du sable. Mais selon Al Akhbar, la ministre n’a pas réussi à finaliser les textes d’application, laissant le littoral exposé à une exploitation anarchique.

Des études coûteuses, mais des résultats absents

Leila Benali a alloué plusieurs millions de dirhams à des bureaux d’études internationaux pour élaborer des plans régionaux du littoral et refondre la stratégie nationale de développement durable. Pourtant, malgré ces investissements, la réglementation reste inachevée et inefficace face aux résistances des acteurs économiques influents.

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) avait déjà mis en garde contre les retards dans l’application de cette loi. Dans un rapport intitulé « Quel aménagement pour un développement durable du littoral ? », il dénonçait des lacunes structurelles et des dysfonctionnements dans la gouvernance du littoral, préconisant une approche plus participative et respectueuse de l’environnement.

La loi interdit strictement la privatisation des plages, l’extraction de sable et l’octroi d’autorisations temporaires qui détérioreraient le site. Elle impose également la démolition des constructions illégales et interdit l’urbanisation anarchique du littoral. Les contrevenants s’exposent à des sanctions allant jusqu’à deux ans de prison et des amendes pouvant atteindre 500.000 dirhams.

Pourtant, un rapport de la Cour des comptes révèle que ces règles sont largement ignorées. Les bénéficiaires d’autorisations d’occupation temporaire ne respectent pas les cahiers des charges, et de nombreux chalets transformés en villas ou commerces luxueux échappent à toute régulation.

Face à cette situation, le ministère de l’Équipement peine à faire appliquer la loi, laissant le domaine public maritime en proie à une privatisation illégale et une dégradation progressive.

Ajouter un commentaire

Exit mobile version
×