Le Maroc continue de s’imposer comme l’un des pôles majeurs des investissements étrangers dans les énergies renouvelables, tout en affrontant un tournant technologique délicat. Deux rapports internationaux dressent un tableau contrasté : une attractivité financière exceptionnelle, portée par l’éolien et le photovoltaïque, mais aussi les limites d’une technologie solaire thermodynamique qui montre ses fragilités.

La dynamique d’investissement reste impressionnante. Entre 2003 et 2024, plus de 38 milliards de dollars ont afflué vers les projets d’énergies renouvelables au Maroc, faisant du Royaume la deuxième destination la plus attractive du monde arabe. Ces capitaux ont permis de lancer 55 projets, menés par 32 entreprises, et de créer plus de 12.000 emplois. Le pays domine même l’éolien dans la région, avec 42% de la production arabe, soutenu par des chantiers emblématiques comme Tarfaya, Midelt ou le complexe Noor.

Cette position se reflète aussi dans les échanges régionaux. En 2024, le Maroc figure parmi les principaux exportateurs arabes d’électricité, avec plus de 30 millions de dollars, et occupe également une place de choix dans les importations d’équipements liés au secteur. Une intégration qui confirme que le Royaume n’est plus seulement un marché, mais un acteur installé dans les chaînes de valeur énergétiques arabes.

Cette attractivité repose sur une stratégie nationale clairement affichée : dépasser 52% d’énergies renouvelables dans le mix électrique à l’horizon 2030. Et les chiffres prévisionnels témoignent d’une trajectoire déjà bien engagée. En 2025, la production devrait atteindre 43,1 TWh, dont près d’un tiers provenant des filières verte : 22,5% pour l’éolien, 8,6% pour le solaire et 2,8% pour l’hydraulique.

Mais cette montée en puissance s’accompagne désormais d’un repositionnement technologique. Le rapport conjoint IRENA–CPI souligne en effet les difficultés rencontrées par le solaire thermodynamique (CSP), longtemps considéré comme le fer de lance de l’innovation marocaine. Le cas du complexe Noor Ouarzazate est emblématique : en 2024, des pannes répétées ont provoqué un arrêt prolongé de neuf mois, entraînant des pertes évaluées à 47 millions de dollars. Une démonstration des limites d’une technologie coûteuse, sensible et désormais en perte de vitesse au niveau mondial.

Résultat : le Maroc ajuste son modèle. Noor Midelt I, conçu à l’origine comme un projet hybride CSP-PV, a été reconfiguré en site photovoltaïque avec stockage par batteries. Les phases 2 et 3 suivent la même orientation. Le mouvement n’est pas isolé : les investissements internationaux dans le CSP ont reculé de 32% en 2024, forçant de nombreux pays — dont le Maroc — à réévaluer leurs stratégies.

Cette transition repose toujours sur un soutien massif des fonds climatiques et des banques de développement, qui ont largement contribué au financement des grands projets solaires. Mais les nouveaux choix technologiques exigent des mécanismes financiers plus flexibles, adaptés aux besoins du photovoltaïque couplé au stockage.

Malgré ces ajustements, le Maroc conserve une place centrale dans la transition énergétique régionale. En misant sur l’éolien, le solaire PV et une diversification accrue de son mix, le Royaume continue de consolider son statut de plateforme énergétique et d’innovation verte dans le monde arabe.

Avec Le360


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