Longtemps considérée comme un pilier de l’agriculture marocaine, la région de Béni Mellal-Khénifra est aujourd’hui durement frappée par la sécheresse, menaçant ses principales filières de production. Autrefois capable de produire 150 000 tonnes de sucre par an, soit 30 % de la production nationale, elle peine désormais à atteindre 30 000 tonnes.

Une sécheresse qui s’aggrave

Le Maroc subit sa septième année consécutive de sécheresse, avec des précipitations en chute libre. Pour la campagne 2023-2024, seuls 27 mm de pluie ont été enregistrés à fin novembre, soit une baisse de 41 % par rapport à l’année précédente. Cette situation impacte directement l’irrigation et les réserves en eau, notamment au barrage Bin El Ouidane, dont le taux de remplissage est tombé à 5,2 % en janvier 2024, contre 11,4 % un an plus tôt.

Une économie agricole sous pression

Jouant un rôle clé dans l’agriculture nationale, la région représente 30 % des semences céréalières, 20 % des agrumes, 15 % des olives, 13 % des viandes rouges et 12 % de la production laitière. Cependant, sans accès suffisant à l’eau, ces filières sont en péril.

Hassan Mounir, directeur général de Cosumar, s’alarme : « Nous épuisons nos ressources sans solution durable. Si cette situation perdure, nous risquons non seulement la disparition de cultures stratégiques, mais aussi une migration massive de la main-d’œuvre agricole. »

Le dessalement, une solution d’avenir ?

Face à cette crise, une alternative structurelle est mise en avant : le dessalement de l’eau de mer. Bien que la côte atlantique soit située à 200 km, les technologies actuelles permettraient d’acheminer l’eau vers l’intérieur du pays.

Le Conseil régional de Béni Mellal-Khénifra a exprimé son soutien à la création d’une station de dessalement, prête à investir 1 milliard de dirhams pour son développement.

Pour Hassan Mounir, ce projet représente bien plus qu’une simple réponse à la crise : « Une station de dessalement serait une avancée stratégique, assurant la pérennité de l’agriculture et attirant de nouveaux investissements agro-industriels. »

La mise en œuvre de cette solution nécessitera un engagement fort des autorités et du secteur privé pour éviter une aggravation de la situation. « Nous devons agir tant qu’il est encore temps », conclut-il.

Avec Le360

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