Dans le village de Tbainia, au nord-ouest de la Tunisie, le réchauffement climatique menace gravement l’activité des femmes cueilleuses d’herbes médicinales et aromatiques. Ces travailleuses, majoritairement regroupées au sein de la coopérative « Al Baraka », voient leurs récoltes diminuer à mesure que les sécheresses s’intensifient et que les sources d’eau s’assèchent.

Un revenu en péril

Mabrouka Athimni, directrice de la coopérative, observe avec tristesse l’impact de ces bouleversements climatiques : « Nous gagnons la moitié, parfois seulement un tiers, de nos revenus d’avant. » Le manque de pluie réduit les quantités d’herbes disponibles, compromettant la production d’huiles essentielles issues de plantes comme le romarin, le lentisque ou l’eucalyptus.

Une crise climatique exacerbée

La Tunisie subit sa sixième année consécutive de sécheresse. Les barrages, essentiels pour le nord-ouest du pays, affichent un taux de remplissage de seulement 20 %. Dans cette région où le taux de pauvreté atteint 26 %, bien au-dessus de la moyenne nationale, ces sécheresses amplifient les inégalités.

Des conditions de travail éprouvantes

Les cueilleuses, qui représentent 70 % de la main-d’œuvre agricole tunisienne, souffrent des températures extrêmes pouvant dépasser les 50 °C en été. Mongia Soudani, mère de trois enfants, s’inquiète pour l’avenir : « Nous récoltions trois ou quatre sacs d’herbes. Aujourd’hui, c’est un exploit d’en remplir un seul. »

Des solutions insuffisantes

Face à ces défis, les cueilleuses ont bénéficié de formations d’organismes internationaux, comme la FAO, pour préserver les ressources forestières. Cependant, Mabrouka Athimni admet que cela ne suffit pas : les récoltes restent insuffisantes, et la coopérative perd des clients.

Un avenir incertain

Malgré l’adhésion de la Tunisie à des accords climatiques comme l’Accord de Paris, leur mise en œuvre reste limitée, en particulier pour les populations vulnérables comme ces femmes. Certaines cherchent à diversifier leurs activités pour ne plus dépendre uniquement des ressources naturelles, mais les solutions manquent.

Dans les champs, Bochra Ben Salah résume le sentiment général : « Nous n’avons d’autre choix que de compter sur la clémence de Dieu. » Un panier presque vide à la main, elle illustre la lutte quotidienne des femmes face aux impacts du changement climatique sur leur vie et leurs moyens de subsistance.

Avec tv5monde

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