Thames Water, principal fournisseur d’eau du Royaume-Uni, est au cœur d’un nouveau scandale environnemental. La société, déjà en grande difficulté financière, vient d’écoper d’une amende record de 123 millions de livres sterling infligée par le régulateur britannique Ofwat. Une sanction qui s’ajoute à une crise structurelle profonde et met un peu plus en péril l’avenir du groupe.

Avec ses 16 millions de clients desservis dans la région de Londres, Thames Water représente près d’un quart de la population britannique. Mais derrière ce poids stratégique se cache un réseau d’infrastructures vieillissantes, victimes d’un sous-investissement chronique. Une situation qui a conduit à des dysfonctionnements graves, notamment des débordements réguliers d’eaux usées dans les rivières.

L’enquête du régulateur a mis en lumière une gestion défaillante, tant sur le plan de la maintenance que de l’exploitation du réseau. Le directeur général d’Ofwat, David Black, a dénoncé une série de manquements, ainsi que le versement de dividendes injustifiés à des actionnaires, en contradiction avec l’état de délabrement des installations.

La facture se décompose en deux volets : une première amende de 104,5 millions de livres pour les incidents liés à la pollution, et une seconde de 18,2 millions liée aux dividendes abusifs. L’autorité de régulation a par ailleurs décidé de récupérer plus de 131 millions de livres au bénéfice des consommateurs et interdit tout nouveau versement aux actionnaires sans son aval.

Mais cette sanction intervient alors que Thames Water tente désespérément de se recapitaliser. Avec une dette de 20 milliards de livres, le groupe cherche un repreneur. Le fonds américain KKR a été désigné comme candidat prioritaire pour une éventuelle reprise, mais rien n’est encore acté.

Ce nouveau chapitre dans la saga Thames Water relance le débat sur les effets de la privatisation du secteur, opérée au Royaume-Uni en 1989. La vétusté du système, dont certaines parties remontent à l’époque victorienne, illustre l’incapacité de ces compagnies à faire face à leurs obligations environnementales.

Dans un communiqué, l’entreprise affirme avoir engagé des efforts de modernisation et se dit consciente de ses responsabilités écologiques. Elle prévient toutefois que l’accumulation des sanctions pourrait ralentir sa restructuration financière.

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