Alors que l’Union européenne s’apprête à appliquer dès 2026 son mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) — qui pénalisera les importations à forte empreinte carbone —, le Maroc semble mieux préparé que jamais. Selon le Fonds monétaire international (FMI), l’intégration du Royaume au marché européen du carbone pourrait générer jusqu’à 8 milliards de dollars de revenus d’ici 2030, soit l’équivalent de 3 % du PIB national.

Une manne potentielle qui s’explique par le coût de réduction du carbone, nettement plus faible au Maroc que dans l’Union européenne. En d’autres termes, les industries marocaines pourraient vendre leurs excédents de quotas carbone à l’Europe tout en consolidant la compétitivité de leurs exportations.

Une transition verte qui stimule la croissance

Dans un rapport publié en avril 2025, le FMI salue la stratégie marocaine de décarbonation, soutenue par la Facilité pour la résilience et la durabilité (RSF). L’institution y voit un catalyseur majeur de la transition énergétique, démontrant que celle-ci peut, loin de freiner l’économie, stimuler la croissance. Les simulations menées à l’aide d’un modèle macroéconomique mondial montrent qu’une hausse des taxes sur le charbon et le fioul, combinée à la suppression progressive des subventions au butane, permettrait de réduire les émissions de 16 % tout en augmentant le PIB de 0,8 % d’ici 2030.

Le FMI estime qu’une taxe carbone modérée, comprise entre 36 et 82 dollars la tonne de CO₂, suffirait à aligner le Maroc sur ses objectifs climatiques sans impact significatif sur la croissance. À condition, toutefois, que les recettes soient redistribuées équitablement pour soutenir le pouvoir d’achat et garantir une transition juste.

Un modèle de cohérence et de gouvernance climatique

Le Maroc se distingue, selon le rapport, par une approche systémique où politique fiscale, stratégie énergétique et régulation financière convergent vers un même objectif : la soutenabilité. Cette cohérence renforce la confiance des investisseurs et crédibilise la stratégie climatique du Royaume à l’international.

Sous l’impulsion de Bank Al-Maghrib et des régulateurs AMMC, ACAPS et TAMWILCOM, le pays met en place une stratégie nationale de finance climatique à l’horizon 2030. Les banques seront tenues, dès 2027, de publier leurs expositions climatiques selon les standards internationaux (ISSB), tandis que le secteur privé devra contribuer à hauteur de 50 % du financement de la transition, soit environ 4,5 milliards de dollars par an.

Parallèlement, le marché des obligations vertes monte en puissance, même si leurs émissions restent encore modestes — environ 4 milliards de dirhams entre 2012 et 2023 selon Amundi-IFC.

Un partenaire climatique stratégique pour l’Europe

En se plaçant dans la trajectoire du SEQE européen, le Maroc ambitionne de devenir un partenaire climatique de référence pour l’Union européenne. Cette intégration permettrait de neutraliser en partie les effets du MACF, tout en ouvrant au Royaume un marché carbone estimé à plusieurs milliards de dollars.

Pour le FMI, l’exemple marocain illustre la possibilité d’un modèle de développement conciliant stabilité économique et durabilité environnementale. Une voie singulière qui confirme que, pour le Royaume, le verdissement de la croissance n’est pas un frein, mais un moteur.

Avec Le360

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