Lors d’une rencontre organisée par la Fondation Lafqui Titouani, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leïla Benali, a dressé un bilan sans concession du retard pris par le Maroc dans les secteurs de l’énergie et des mines. Selon elle, ces domaines stratégiques ont souffert de près de vingt ans d’inertie institutionnelle, freinant leur développement et leur adaptation aux défis contemporains.

Un retard structurel aux lourdes conséquences

La ministre a particulièrement insisté sur la stagnation des réformes énergétiques, citant notamment le cas du gaz naturel. « La première feuille de route pour le gaz naturel a été élaborée en 2004, bien avant la fermeture du gazoduc reliant le Maroc à l’Algérie. Pourtant, vingt ans plus tard, nous en subissons encore les conséquences », a-t-elle expliqué.

À son arrivée à la tête du ministère en octobre 2022, elle affirme avoir hérité d’une situation critique : 20 % de l’approvisionnement en électricité étaient menacés en raison du conflit en Ukraine et de la hausse de la demande. Elle a également pointé du doigt le manque d’investissements dans le réseau électrique national, négligé depuis 2002 selon elle.

Une relance ambitieuse des énergies renouvelables

Face à ces défis, Mme Benali assure que son département a enclenché une dynamique de transformation rapide. En deux ans, le nombre de licences accordées aux projets d’énergies renouvelables aurait été multiplié par quinze, tandis que les investissements annuels dans le secteur seraient passés de 1,5 milliard à 6 milliards de dirhams entre 2023 et 2024. Le rythme de création d’emplois aurait lui aussi fortement accéléré, multiplié par onze. Parallèlement, les investissements pour moderniser le réseau électrique ont été multipliés par cinq.

La ministre a également dénoncé le manque de structuration du secteur minier et les lacunes en matière de gouvernance environnementale. « L’absence de cadre législatif cohérent et les insuffisances des politiques publiques ont gravement entamé la crédibilité du secteur », a-t-elle souligné.

Vers une souveraineté énergétique renforcée

Dans le domaine des hydrocarbures, Mme Benali met en avant une libéralisation accrue du marché, accompagnée d’une hausse significative des investissements. Le nombre de distributeurs est passé de 19 à 35, et plus de 600 nouvelles stations-service ont vu le jour, générant 3 500 emplois.

Elle a conclu son intervention en insistant sur l’urgence pour le Maroc de concevoir et d’appliquer ses propres stratégies énergétiques, sans dépendre de décisions extérieures. Son objectif : conjuguer transition écologique et efficacité économique tout en éliminant les blocages qui ont freiné le développement du secteur depuis trop longtemps.

Avec Barlamane

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