La Solaire Expo Maroc 2025, qui s’est tenue le 26 février à Rabat, a été l’occasion pour les experts de discuter des défis et opportunités liés à la transition énergétique du pays. L’événement a mis en avant l’importance des énergies renouvelables décentralisées, l’amélioration de l’efficacité énergétique et l’adoption de normes internationales pour soutenir le développement durable.
Un tournant décisif pour la transition énergétique
Le Pr. Amin Bennouna, spécialiste des énergies renouvelables, a souligné que la période de mi-2022 à fin-2024 représente une véritable accélération de la transition énergétique vers un modèle plus centré sur l’électricité renouvelable. Cette dynamique intervient dans un contexte mondial marqué par une hausse alarmante des émissions de CO₂, atteignant 37 milliards de tonnes en 2022, bien au-delà de la capacité d’absorption de la planète.
Le Maroc, bien que responsable de seulement 0,48 % des émissions mondiales, voit dans les énergies renouvelables une opportunité stratégique pour renforcer son indépendance énergétique et réduire sa dépendance aux énergies fossiles, dont les ressources locales sont quasi inexistantes.
Une progression notable des énergies renouvelables
Grâce à une politique volontariste, le Maroc a atteint en 2024 une part de 38 % d’énergies renouvelables dans sa capacité de production énergétique, contre 27 % en 2012. Cette croissance est portée par de grands projets solaires et éoliens, notamment dans le sud et l’est du pays.
Ces technologies, devenues les plus compétitives à l’échelle mondiale, permettent au Maroc de moderniser son secteur énergétique tout en réduisant son empreinte carbone. Le Pr. Bennouna insiste sur l’importance de poursuivre cette transition pour garantir l’indépendance énergétique à long terme.
Un enjeu économique et commercial majeur
L’un des défis majeurs pour le Maroc est l’entrée en vigueur du Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (CBAM) de l’Union Européenne. Ce dispositif impose une taxation des importations en fonction de leur empreinte carbone, ce qui oblige les exportateurs marocains à verdir leurs processus industriels.
Le Pr. Bennouna met en garde : un retard dans l’adoption de normes environnementales plus strictes pourrait pénaliser les exportations marocaines vers l’Europe et entraîner d’importantes pertes économiques.
Le rôle des énergies renouvelables décentralisées
Mohamed Makaoui, directeur adjoint du Pôle Efficacité Énergétique à l’AMEE, a insisté sur le rôle fondamental des énergies renouvelables décentralisées dans cette transition. Depuis 2010, l’Agence Marocaine pour l’Efficacité Énergétique œuvre pour réduire la consommation énergétique et améliorer l’efficacité dans les secteurs résidentiel et industriel.
Le Maroc bénéficie également d’une interconnexion énergétique renforcée avec ses voisins, permettant une meilleure gestion des fluctuations de la demande. De plus, un cadre législatif a été mis en place pour réduire la consommation d’énergie de 20 % d’ici 2030.
Une dynamique qui doit se poursuivre
Avec des avancées significatives dans le domaine des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, le Maroc confirme son ambition de devenir un acteur clé de la transition énergétique. Toutefois, pour atteindre ses objectifs, le pays devra accélérer l’intégration des énergies propres, renforcer son cadre réglementaire et développer de nouvelles infrastructures adaptées aux défis climatiques et économiques de demain.