Après une semaine de débats sous tension, les députés français ont rejeté ce mardi 24 juin la proposition de loi dite « Gremillet », qui prévoyait notamment un gel de toute nouvelle installation éolienne ou photovoltaïque. Portée par le Rassemblement national (RN), cette initiative marque une tentative claire d’imposer une orientation anti-renouvelables au débat énergétique national.

Un moratoire vivement contesté

Introduit le 19 juin, le moratoire avait suscité une levée de boucliers, aussi bien du côté des syndicats agricoles que des acteurs de la transition énergétique. La FNSEA, tout comme le Réseau Action Climat et les représentants du secteur des énergies renouvelables, ont dénoncé un coup d’arrêt potentiel à des filières créatrices de milliers d’emplois directs et indirects.

Une victoire en demi-teinte

Si le rejet de la loi évite pour l’instant une paralysie du secteur, il ne dissipe pas les inquiétudes. La démonstration de force du RN, qui a réussi à imposer ses termes dans le débat, témoigne d’une montée de l’hostilité à l’égard des renouvelables au sein de l’hémicycle. Cette dynamique s’inscrit dans un contexte d’attentisme gouvernemental, illustré par le retard de la publication des décrets de programmation énergétique, pourtant attendus depuis des mois.

Un secteur en perte de repères

Pour les professionnels des énergies renouvelables, le signal envoyé reste préoccupant. Le premier trimestre 2025 a été l’un des plus faibles en matière d’installation d’éoliennes depuis plus d’une décennie. L’absence d’une stratégie claire et stable alimente les incertitudes, freine les investissements, et fragilise la dynamique de transition énergétique.

Entre désinformation et réalités techniques

Les critiques du RN s’appuient sur une remise en cause de l’intermittence des énergies renouvelables, considérée comme un frein à leur déploiement. Un argument jugé infondé par les experts, qui rappellent que des solutions techniques existent pour compenser cette variabilité : stockage, modulation de la demande, ou complémentarité entre solaire et éolien.

Le parti d’extrême droite a aussi brandi une facture fictive de 300 milliards d’euros pour discréditer les renouvelables, en additionnant de manière discutable des coûts sans lien direct avec ces filières. Pendant ce temps, le nucléaire, relancé par l’État, ne produira pas de nouvelles capacités avant 2038.

Un gouvernement à la ligne floue

Plus inquiétante encore est l’attitude du gouvernement, perçue comme ambivalente. Peu présent dans les débats, le « bloc central » n’a pas défendu clairement les renouvelables, préférant s’appuyer sur le Sénat pour corriger les textes. Les décisions récentes – baisse des aides au solaire, diminution du soutien à l’électrification des véhicules – renforcent le sentiment d’un désengagement progressif.

Un texte pas encore enterré

Rejetée en première lecture à l’Assemblée, la loi Gremillet reviendra sur la table au Sénat dès le 8 juillet, puis à l’Assemblée à la rentrée. Le RN, de son côté, continue à menacer d’une motion de censure si le gouvernement contournait le débat parlementaire via décret.

La séquence, révélatrice d’un basculement idéologique, laisse le secteur des renouvelables dans l’incertitude. Et fait peser une menace sur la capacité de la France à tenir ses engagements climatiques.

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