Une vingtaine de journalistes marocains, tunisiens et algériens se sont retrouvés à Tunis, du 2 au 5 décembre 2024, pour un atelier régional sur l’économie circulaire. Organisé par le Réseau des journalistes africains spécialisés en développement durable et changement climatique « Africa 21 », cet événement arrive dans un contexte de crise climatique pressante. La raréfaction des ressources naturelles, la pollution plastique et l’urgence d’une transition écologique étaient au cœur des discussions, éclairées par des experts partageant leur vision d’un nouveau modèle économique.

Une réponse au modèle économique linéaire

Le modèle économique linéaire traditionnel – basé sur « extraire, produire, consommer, jeter » – a montré ses limites. Meryam Barakety, conseillère technique en communication pour le programme PAGECTE de la GIZ, rappelle que ce système est responsable de 70 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et de 90 % des pertes de biodiversité. L’économie circulaire, en revanche, propose une alternative en intégrant la réutilisation et la transformation des déchets en nouvelles ressources. « Ce n’est pas seulement un concept, c’est une nécessité pour notre survie collective », souligne Akrem Hadded, expert en économie circulaire.

Le Maghreb, une région en première ligne

La transition vers une économie circulaire est d’autant plus cruciale pour le Maghreb, une région particulièrement vulnérable au changement climatique. Les experts présents ont mis en lumière des défis tels que la pénurie d’eau, la diminution des terres arables et la pression croissante sur les ressources naturelles. Les solutions proposées incluent le développement des énergies renouvelables, la réutilisation des eaux usées et la promotion d’une agriculture intelligente face au climat.

Le plastique, symbole d’un défi mondial

La problématique du plastique, abordée par Chantal-Line Carpentier de l’ONU, illustre bien l’ampleur des enjeux. Avec 369 millions de tonnes échangées en 2021, le commerce du plastique reflète un déséquilibre marqué, seuls 0,2 % de ces échanges concernant les déchets plastiques recyclables. Cela met en exergue la nécessité d’une gestion plus durable et équitable des ressources.

Les journalistes, catalyseurs de changement

Les journalistes jouent un rôle clé dans la sensibilisation et l’éducation du public. Leur mission va au-delà de la simple information : ils vulgarisent les concepts complexes de l’économie circulaire et mettent en lumière les initiatives locales et régionales qui portent leurs fruits. Akrem Hadded insiste : « Le véritable défi réside dans le changement des mentalités, pas dans la technologie. »

Vers une transition inclusive

L’atelier a aussi mis en avant l’importance d’une approche inclusive. En Tunisie, la stratégie nationale de résilience climatique intègre la réduction des inégalités sociales, la protection du littoral et l’adaptation aux besoins des communautés vulnérables. Le Maroc, pour sa part, est reconnu pour son engagement dans la gestion durable des ressources hydriques et la promotion des énergies renouvelables.

Un appel à l’action

Malgré ces efforts, des obstacles subsistent : adoption limitée des concepts par les décideurs, capacités de recyclage insuffisantes et ancrage institutionnel flou. Cependant, l’atelier s’est conclu sur une note d’espoir. Les participants, conscients de leur rôle crucial, ont réaffirmé leur engagement à accompagner cette transition écologique par une couverture médiatique engagée et éclairée. Comme l’a déclaré Meryam Barakety, « L’économie circulaire est notre meilleure chance de réconcilier développement et durabilité pour les générations futures. »

Avec LeMatin

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