Face à l’essor des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) comme leviers de croissance et d’attractivité pour les investisseurs, le Maroc accélère la structuration de son engagement en la matière. L’IWA 48:2024, un nouveau cadre normatif publié par l’ISO, offre aux entreprises un référentiel international pour intégrer et améliorer leurs pratiques ESG.
Dans un contexte mondial marqué par des crises sanitaires, climatiques et géopolitiques, les critères ESG redéfinissent le modèle économique en plaçant la durabilité au cœur des stratégies d’entreprise. Ce cadre normatif vise à harmoniser les pratiques ESG et à garantir une transition vers un modèle de croissance plus responsable.
Un cadre pour renforcer l’attractivité des entreprises marocaines
L’IWA 48:2024 est conçu pour aider les entreprises à intégrer les principes ESG de manière cohérente et mesurable. Selon Salah Eddine Bennani, expert en stratégie et développement durable chez Forvis Mazars, cette norme s’adresse particulièrement aux PME et aux pays en développement, en leur offrant un cadre adaptable et compatible avec d’autres référentiels existants.
L’intérêt de ce cadre réside notamment dans la mise en place d’indicateurs comparables, un critère essentiel pour séduire les investisseurs et bailleurs de fonds internationaux, de plus en plus exigeants en matière d’engagement ESG avant d’octroyer des financements. Les institutions financières marocaines, soumises à des normes croissantes de finance durable, pourraient également s’appuyer sur cette norme pour affiner leur gestion des risques ESG.
Une adoption progressive, mais des défis à relever
Le Maroc a déjà initié plusieurs actions dans ce domaine, à travers la Stratégie Nationale de Développement Durable et des projets comme Noor Ouarzazate dans les énergies renouvelables. Toutefois, des défis subsistent, notamment en matière de transparence, de gouvernance et de réduction de l’empreinte carbone dans certains secteurs industriels.
L’IWA 48:2024 pourrait ainsi jouer un rôle clé pour aligner les entreprises marocaines avec les standards internationaux et anticiper les évolutions réglementaires, notamment celles liées à la finance verte et aux nouvelles exigences de l’Union européenne, telles que la taxation carbone aux frontières.
Pour les entreprises cotées à la Bourse de Casablanca, qui doivent déjà inclure des critères ESG dans leur reporting financier, cette norme constitue un levier supplémentaire de conformité et de crédibilité. Selon Mounim Zaghloul, expert en gestion des risques, la mise en œuvre effective de ces principes est essentielle pour dépasser le cadre administratif et inscrire l’ESG au cœur des stratégies d’entreprise.
Vers une intégration plus large des principes ESG
L’ESG n’est pas un concept nouveau. Comme le rappelle Tariq Essaid, expert en RSE, l’engagement des investisseurs envers le développement durable remonte au siècle dernier, avec des initiatives pionnières telles que les fonds éthiques des églises dans les années 1930 ou les fonds de retraite socialement responsables dans les années 1950.
Au Maroc, plusieurs actions ont marqué cette évolution, notamment l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), la charte de l’environnement et du développement durable, ainsi que la généralisation de la couverture sociale. La circulaire de l’AMMC de 2019 a également intégré le reporting ESG dans les obligations des entreprises cotées.
L’IWA 48:2024 s’inscrit dans cette dynamique en fournissant un cadre structurant pour la gestion et la communication des performances ESG. Il vise à favoriser une approche cohérente et fiable à l’échelle mondiale.
Toutefois, au-delà des normes et référentiels, la véritable question reste celle de la mise en œuvre effective et du nombre d’entreprises prêtes à adopter ces principes pour générer un impact tangible sur leur performance, la société et l’environnement.