Le traitement et la réutilisation des eaux usées au Maroc connaissent une nette accélération. Grâce à une stratégie de valorisation ambitieuse, le pays parvient à alimenter des terrains de golf, à entretenir des espaces verts urbains et même à soutenir des unités industrielles. Pourtant, cet élan cache une réalité plus contrastée : le milieu rural reste à l’écart de ces avancées.

Devant la Chambre des conseillers, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a présenté un état des lieux détaillé de l’assainissement liquide au Maroc. Parmi les chiffres mis en avant, celui-ci : 30 golfs sont aujourd’hui irrigués à partir d’eaux usées retraitées. Une solution durable, qui bénéficie également à 16 communes urbaines pour l’arrosage des espaces verts, ainsi qu’à six projets industriels.

Le volume total des eaux traitées et réutilisées a atteint 53 millions de mètres cubes en 2024. Ce chiffre marque un tournant dans la gestion des ressources hydriques du pays, dans un contexte de pression croissante sur l’eau potable.

Sur les 385 villes et centres urbains inscrits dans le programme d’assainissement, 223 sont d’ores et déjà raccordés aux réseaux, ce qui profite à environ 21 millions de citoyens. Les travaux sont en cours dans 72 autres localités, couvrant une population de 1,25 million d’habitants. D’ici 2034, le programme prévoit d’intégrer encore 90 centres supplémentaires.

Mais si les zones urbaines avancent, les campagnes restent en grande partie délaissées. Sur 1.207 centres ruraux recensés, seuls 43 disposent actuellement d’un service d’assainissement complet, soit à peine 105.000 personnes concernées. Toutefois, des chantiers ont démarré dans 170 autres localités rurales, avec pour objectif d’améliorer les conditions de vie de 442.000 habitants supplémentaires.

L’effort financier consenti est à la hauteur des enjeux. Fin 2024, les investissements cumulés dans le secteur ont dépassé les 48,5 milliards de dirhams. Sur cette somme, 25,33 milliards ont déjà été mobilisés, tandis que 23,25 milliards sont en phase de réalisation. Le Fonds de l’assainissement liquide et solide y a contribué à hauteur de 17,67 milliards de dirhams, dont 11,67 milliards ont été effectivement engagés. En parallèle, le ministère de l’Intérieur a injecté 3,1 milliards de dirhams à travers la part communale de la TVA, dont 2,2 milliards déjà utilisés.

L’avenir s’annonce encore plus ambitieux. Le programme 2025-2034 prévoit un investissement de 56 milliards de dirhams, réparti entre 389 projets actuellement en cours et 694 nouveaux projets à lancer. Cette programmation s’inscrit dans la dynamique de régionalisation avancée, telle qu’énoncée lors du colloque national de décembre 2024.

Malgré les progrès enregistrés, l’enjeu reste immense : faire en sorte que les zones rurales ne soient plus le parent pauvre de l’assainissement et garantir à tous les Marocains un accès équitable à des services essentiels.

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