Face à la pression croissante sur ses ressources hydriques, le Maroc mise sur une stratégie nationale ambitieuse : créer un véritable réseau d’“autoroutes de l’eau” pour rééquilibrer la distribution entre régions excédentaires et zones en déficit. À ce jour, 17 ouvrages de transfert d’eau sont déjà opérationnels, selon un rapport publié sur la plateforme gouvernementale « Maa Dialna ».
Parmi les projets structurants, l’interconnexion entre les bassins Sebou, Bouregreg et Oum Er-Rbia se démarque par son ampleur inédite et son rôle crucial dans la sécurité hydrique du Royaume.
Un chantier royal, au service de tous
Lancé à l’initiative du Roi Mohammed VI, ce mégaprojet solidaire vise à transférer 1,2 milliard de m³ par an, pour alimenter aussi bien les grandes agglomérations comme Rabat, Casablanca et Marrakech, que les zones agricoles de Doukkala, Beni Amrane et Beni Moussa. Il permet également de soulager les nappes phréatiques surexploitées, notamment à Berrechid.
La première phase, mise en service en août 2023, a permis de relier Sebou à Bouregreg à travers 66,5 km de canaux et deux stations de pompage. Résultat : 600 millions de m³ transférés en un an, évitant une crise d’approvisionnement sur l’axe Rabat-Casablanca.
Un chantier à plusieurs vitesses
La deuxième étape est en cours. Elle vise à renforcer l’interconnexion existante, avec un objectif de 100 millions de m³ supplémentaires par an, avant de prolonger le réseau jusqu’à Oum Er-Rbia via un tronçon de 209,6 km, construit en partenariat public-privé (PPP). Les études techniques devraient s’achever fin 2026.
Enfin, la dernière phase étendra le réseau vers le nord du pays, en connectant les barrages d’Oued El Makhazine et Dar Khrofa. Cette extension sécurisera l’alimentation en eau de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, tout en consolidant l’équilibre hydraulique à l’échelle nationale.