Un nouveau rapport de l’ONG britannique Earthsight jette une lumière crue sur les coulisses de l’industrie du cuir haut de gamme. Selon son enquête dévoilée ce 24 juin, plusieurs grandes maisons de couture – dont Coach, Chanel, Gucci ou encore Louis Vuitton – se fourniraient indirectement en cuir auprès d’entreprises liées à la déforestation illégale en Amazonie brésilienne.

L’organisation affirme avoir retracé le cuir utilisé par ces marques jusqu’à un abattoir situé dans l’État brésilien du Pará, l’un des foyers les plus critiques de déforestation. Cet abattoir aurait acheté des milliers de têtes de bétail élevées sur des terres déboisées illégalement. Le cuir ainsi obtenu serait ensuite exporté vers l’Italie, notamment dans la région de Vénétie, où deux tanneries – Conceria Cristina et Faeda – le transforment avant de le revendre sous l’étiquette de « cuir italien ».

Si toutes les marques citées nient utiliser du cuir brésilien, certaines ont tout de même lancé des enquêtes internes. Fendi et Hugo Boss ont ouvert des vérifications, tandis que Chanel a rompu ses liens avec la tannerie Faeda, évoquant une perte de confiance dans sa chaîne de traçabilité. Chloé, pour sa part, est la seule à avoir fourni à Earthsight un protocole détaillé de vérification de ses approvisionnements.

Le rapport dénonce notamment les failles du Leather Working Group, une certification pourtant présentée comme un gage de durabilité. Selon Earthsight, ce label n’impose pas aux tanneries de remonter jusqu’à l’élevage d’origine, ce qui laisse la porte ouverte à l’entrée de cuir issu de terres déforestées dans les chaînes de production.

« Les consommateurs s’imaginent que les produits de luxe sont synonymes d’éthique et de transparence. Mais ce que montre notre enquête, c’est que ce n’est pas toujours le cas », résume Rafael Pieroni, responsable Amérique latine d’Earthsight.

Le timing de cette révélation n’est pas anodin. Elle intervient à quelques mois de la COP30, qui se tiendra justement dans la ville brésilienne de Belém, en pleine région amazonienne. D’ici là, l’ONG appelle à une application stricte du nouveau règlement européen interdisant l’importation de produits issus de la déforestation, cuir compris.

La situation dans la région reste préoccupante. Entre août 2024 et mai 2025, la déforestation en Amazonie brésilienne a progressé de plus de 9 %, selon l’Observatoire du climat. Une tendance qui, si elle se poursuit, pourrait peser lourd sur la crédibilité du Brésil lors du sommet environnemental de fin d’année.

Avec liberation.fr

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