Quelques mois après une panne électrique historique qui a plongé une partie de l’Europe dans le noir, l’Espagne se trouve confrontée à une dure réalité : sa transition énergétique, jusqu’ici vantée comme exemplaire, révèle des failles inquiétantes. Derrière un discours officiel qui évite soigneusement de mettre en cause les énergies renouvelables, les décisions concrètes des autorités trahissent un aveu à peine voilé.
Le gaz reprend la main
Selon les données relayées par Bloomberg, la consommation de gaz destinée à la production d’électricité a bondi de 41 % au premier semestre 2025. Cette hausse spectaculaire n’est pas due à une demande exceptionnelle, mais bien à un besoin urgent de stabiliser un réseau fragilisé. En cause : la panne géante du mois d’avril, l’une des plus graves qu’ait connue l’Europe ces dernières décennies, survenue alors que les énergies renouvelables – éolien et solaire en tête – assuraient une part importante de la production.
Face aux déséquilibres du réseau et aux risques d’effondrement, les autorités espagnoles ont discrètement réorienté leur stratégie énergétique, relançant les centrales à gaz pour compenser l’intermittence des renouvelables. Une décision qui tranche avec le discours officiel, toujours centré sur la décarbonation.
Silence politique, réalités techniques
Depuis le black-out, les responsables espagnols évitent soigneusement d’incriminer les sources renouvelables. Pourtant, en coulisses, les ajustements sont clairs : retour en force des énergies fossiles, investissements dans les infrastructures de production à base de gaz, et mise en pause de plusieurs projets d’interconnexion verte.
Cette prudence dans la communication témoigne de l’embarras des autorités face à une opinion publique de plus en plus sensibilisée à la question climatique. Reconnaître que les renouvelables ont contribué à une défaillance du système reviendrait à fragiliser un pilier du discours écologique gouvernemental.
Un dilemme énergétique
L’Espagne, comme nombre de pays européens, s’est engagée sur la voie d’une transition rapide vers les énergies propres. Mais la panne d’avril a révélé ce que de nombreux experts redoutaient : sans un réseau suffisamment flexible et des moyens de stockage efficaces, l’intermittence des renouvelables peut devenir un facteur de vulnérabilité.
La hausse de la consommation de gaz apparaît donc comme une solution de court terme, visant à garantir la stabilité de l’approvisionnement. Un choix pragmatique, mais qui va à l’encontre des objectifs de réduction des émissions.
Avec atlantico.fr