Face à l’aggravation du stress hydrique et à la dégradation continue des ressources en eau, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable s’apprête à franchir une étape structurante. Une nouvelle stratégie nationale est en cours d’élaboration, avec un objectif central : protéger durablement les ressources destinées à l’eau potable et anticiper les risques qui pèsent sur l’approvisionnement du pays.

Le constat est largement partagé. Sous l’effet combiné du changement climatique, de la surexploitation et de pressions multiples — urbaines, agricoles, industrielles ou accidentelles — les nappes souterraines et les cours d’eau connaissent une fragilisation croissante. Les captages exploités par l’ONEE se trouvent ainsi exposés à des menaces qui remettent en question leur pérennité, alors même que la demande en eau potable continue de progresser.

Pour répondre à cette situation, l’Office a engagé ces dernières années un important travail de diagnostic. Dix études générales de protection des ressources ont été menées à l’échelle des bassins hydrauliques, permettant d’identifier les captages les plus vulnérables, d’évaluer les risques de pollution et de proposer des mesures de protection immédiates. Ces analyses, fondées sur les spécificités géologiques et hydrologiques de chaque site, ont abouti à une cartographie détaillée des zones à enjeux.

C’est sur cette base que l’ONEE construit aujourd’hui une stratégie nationale de protection des ressources en eau potable. Celle-ci reposera sur un plan d’action ciblé et chiffré, décliné selon les réalités territoriales. L’ambition est de renforcer les capacités de planification, de suivi et d’alerte, tout en couvrant l’ensemble des ressources mobilisées : puits, sources, forages, barrages, cours d’eau, mais aussi ressources non conventionnelles, notamment les forages côtiers et les eaux issues du dessalement.

L’un des piliers de cette stratégie sera la mise en place d’une base de données numérique interopérable. Cette plateforme regroupera l’ensemble des informations techniques, environnementales et territoriales liées aux captages exploités. Elle intégrera les données issues des études réalisées ainsi que celles des systèmes internes de l’ONEE, afin de suivre les caractéristiques des captages, leur contexte géologique, les antécédents de pollution et les zones de vulnérabilité. Des outils d’analyse avancés permettront de produire des indicateurs qualitatifs et prédictifs, ainsi que des simulations de risques liés à la pollution ou à la sécheresse.

Le plan d’action sera structuré selon trois horizons temporels — court, moyen et long terme — avec une hiérarchisation des captages en fonction de leur niveau de vulnérabilité. La cartographie des aires d’alimentation et des sources potentielles de pollution servira de base à la priorisation des interventions. Un guide de bonnes pratiques de gestion des captages sera également élaboré, nourri par une analyse comparative des expériences nationales et internationales, dans une logique de normalisation et de préservation durable.

La stratégie prévoit par ailleurs le déploiement d’un système de surveillance intelligent, reposant sur des équipements de mesure en temps réel pour les captages les plus sensibles. Ce dispositif vise à détecter rapidement les pollutions accidentelles ou les événements extrêmes, comme les inondations. Il sera complété par un protocole de coordination interinstitutionnelle associant agences de bassin, autorités locales et acteurs économiques, appuyé par des tableaux de bord dynamiques et des rapports automatisés.

Enfin, un programme de formation accompagnera la mise en œuvre de cette stratégie afin de garantir la montée en compétence des équipes de l’ONEE et l’appropriation durable des nouveaux outils.

À travers cette démarche, l’Office affirme sa volonté d’anticiper les défis hydriques à venir et de placer la protection des ressources en eau potable au cœur de ses priorités stratégiques, dans une logique de gestion moderne, intégrée et proactive.

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