Le parc éolien Khalladi, dans le nord du Maroc, s’impose comme un modèle de réussite du secteur privé dans les énergies renouvelables. Premier projet privé-à-privé du Royaume, il a décroché un rating solide du Climate Investment Funds (CIF), confirmant la robustesse du modèle prévu par la loi 13-09 sur la production privée d’électricité et son rôle de démonstrateur pour la libéralisation du marché.
Avec 40 turbines de 3 MW, pour une capacité totale de 120 MW, Khalladi a produit 397 GWh, dépassant ses objectifs initiaux, et évité 180.238 tonnes de CO₂, au-delà des 177.060 tonnes prévues. Son montage financier innovant, entièrement en dirhams, a permis de sécuriser le projet face aux risques de change et d’inspirer de nouvelles approches pour le financement local des énergies renouvelables.
Le parc a été conçu dès sa genèse pour tester la loi 13-09. Il devait démontrer qu’un producteur privé pouvait vendre directement son électricité à des industriels haute et très haute tension, sans passer par l’ONEE. Avant même sa mise en service en 2018, Khalladi avait sécurisé trois contrats d’achat à long terme, couvrant 80 % de sa production, avec Holcim Maroc, Asment et Cimat. Le surplus est vendu sur des contrats court terme, flexibles et plus rémunérateurs, faisant de Khalladi le premier producteur « merchant » du pays.
Le chemin n’a pas été simple. La loi 13-09 comportait des failles, notamment sur le coût du réseau, le raccordement et le risque de double paiement. L’intégration au réseau national nécessitait des outils de stabilisation comme le Statcom, et la régulation manquait de clarté. Le projet a nécessité plusieurs années de négociations techniques et financières avec la BERD, l’ONEE et les partenaires privés. La création de l’ANRE en 2016, l’adoption du code réseau national en 2021 et la réforme Loi 40-19 en 2023 ont été décisives pour sécuriser le cadre réglementaire et relancer la dynamique des IPP renouvelables.
Khalladi a aussi marqué une révolution financière, en introduisant le premier financement d’un projet renouvelable de cette taille en dirhams, réduisant les risques de change et validant la faisabilité de projets privés financés localement.
Aujourd’hui, le parc fonctionne à plein régime. Il fournit une électricité renouvelable moins chère que le mix national, soutient les besoins du marché et sert de référence pour moderniser la régulation et renforcer la crédibilité du marché marocain de l’énergie. Au-delà de ses performances industrielles, Khalladi a inspiré des réformes similaires en Tunisie et en Égypte, et validé la stratégie nationale de promotion des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (SPREF).
En résumé, Khalladi n’est pas seulement un parc éolien. Il est devenu le projet-pilote qui a démontré qu’un modèle privé, flexible et compétitif pouvait réussir au Maroc, ouvrir la voie à la transition énergétique et contribuer à un marché électrique plus transparent, durable et attractif pour les investisseurs.
Avec le Matin



