Le Maroc passe à la vitesse supérieure dans sa stratégie énergétique. En marge de la conférence de l’OPEP tenue à Vienne, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, a dévoilé un plan ambitieux : plus de 40 milliards de dollars seront mobilisés au cours des cinq prochaines années pour accélérer la transition énergétique du Royaume et renforcer sa connectivité régionale et intercontinentale.

Un double axe d’investissement pour un objectif de 52 % de renouvelables

Cette enveloppe colossale se répartit à parts égales entre deux priorités : d’un côté, plus de 20 milliards de dollars seront consacrés aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique ; de l’autre, un montant équivalent ira au développement d’infrastructures électriques transfrontalières. L’ambition est claire : porter la part des énergies renouvelables dans le mix électrique national à 52 % d’ici 2030, contre un peu plus de 45 % aujourd’hui.

Pour y parvenir, le Maroc mise notamment sur le développement de capacités de stockage d’énergie, via des batteries de nouvelle génération. L’enjeu : pallier l’intermittence des sources solaires et éoliennes pour garantir la stabilité du réseau.

Le gaz, un levier de transition et de sécurité énergétique

Si l’accent est mis sur les énergies propres, le gaz naturel conserve une place stratégique dans la transition énergétique du Royaume. Moins polluant que le charbon ou le pétrole, il est perçu comme un « pont » permettant de concilier baisse des émissions et sécurité d’approvisionnement.

Le projet structurant du gazoduc Nigeria-Maroc, estimé à plus de 20 milliards de dollars, illustre parfaitement cette logique. « Nous poursuivons activement la coopération avec nos partenaires nigérians », a assuré Leila Benali. Cette infrastructure géante devrait non seulement renforcer l’accès à l’énergie pour plusieurs pays africains, mais aussi contribuer à faire du Maroc un hub énergétique régional connecté à l’Europe.

Un nouveau corridor électrique vers l’Afrique de l’Ouest

Autre grande annonce : un projet d’interconnexion électrique de 6 milliards de dollars entre Nador et Dakhla, qui formera la première étape d’un corridor vers la Mauritanie et le Sénégal. L’objectif est double : soutenir la souveraineté énergétique du Maroc tout en favorisant l’intégration électrique du continent.

Ce projet suscite déjà l’intérêt de nombreux investisseurs privés, séduits par la rentabilité attendue – supérieure à 10 %. Preuve, selon la ministre, de la solidité du modèle marocain en matière de gestion de projets énergétiques de grande envergure.

Une vision africaine et durable de la diplomatie énergétique

Au-delà des infrastructures, Leila Benali a souligné la dimension politique et sociale de cette transition. Le Maroc, dit-elle, veut démontrer qu’il est possible de conjuguer croissance économique et responsabilité environnementale. En valorisant la coopération Sud-Sud, les partenariats public-privé et l’accès universel à l’électricité, le Royaume entend jouer un rôle moteur dans la construction d’une Afrique plus résiliente et solidaire.

« L’énergie est un levier de solidarité », a-t-elle insisté. Une vision cohérente avec les ambitions climatiques du Maroc… et avec son rôle croissant sur la scène énergétique continentale.

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