Le secteur textile occupe une place centrale dans la lutte contre la crise planétaire englobant le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution. Lors de l’événement de haut niveau « Fils du changement : transformation systémique du secteur textile », organisé à Bruxelles par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et la présidence belge du Conseil de l’Union européenne (UE) le 16 mai, plusieurs points cruciaux ont été soulignés. L’industrie textile est responsable de 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et utilise annuellement des volumes d’eau équivalant à 86 millions de piscines olympiques. Elle génère également 9 % de la pollution microplastique qui se déverse dans les océans. Avec 430 millions de personnes employées dans ce secteur, dont 60 millions en Europe, l’exploitation des travailleurs est également une préoccupation majeure.

Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, a déclaré que « le monde est devenu accro à la mode éphémère », dénonçant la culture du vêtement jetable qui ne profite à personne. Depuis 2020, le PNUE collabore avec la Commission européenne pour rendre le secteur textile plus durable et promouvoir des modèles commerciaux circulaires. Des politiques plus strictes sont encouragées pour réguler le marché de l’exportation de produits d’occasion vers les pays du Sud.

La ministre belge du climat, de l’environnement, du développement durable et du Pacte Vert, Zakia Khattabi, a mis en avant les « développements prometteurs » tels que la responsabilité élargie des producteurs et les réglementations interdisant la destruction des textiles invendus, adoptées en décembre 2023. Toutefois, elle a souligné la nécessité d’un « changement de paradigme vers une économie textile circulaire et juste ».

Près de 30 % des textiles mis sur le marché ne sont jamais vendus. John Wante, conseiller au ministère belge du climat, de l’environnement, du développement durable et du Pacte Vert, propose de réintroduire ces textiles sur le marché de l’occasion ou de réduire leur quantité pour diminuer l’utilisation des ressources primaires. Une directive sur les allégations écologiques est également en discussion au sein de l’UE pour renforcer les règles concernant l’impact environnemental des produits.

Kiki Boreel, ancienne mannequin et ambassadrice néerlandaise du climat, a souligné la surproduction dans le secteur textile et la nécessité de réduire cette production. Elle propose de verser des salaires équitables aux travailleurs pour éviter la surproduction à bas prix et de publier les volumes de production des marques pour permettre aux consommateurs de faire des choix éclairés.

Jana Hrckova, responsable de la politique européenne et des affaires publiques chez Decathlon, a exprimé le soutien du secteur privé aux réglementations, insistant sur l’harmonisation des règles concernant le prélavage, le lavage industriel et l’utilisation des microfibres. Pankaj Phukan, premier secrétaire pour le commerce à l’ambassade de l’Inde à Bruxelles, a évoqué l’initiative « Lifestyle for the Environment » (LiFE) du Premier ministre indien Narendra Modi, encourageant les citoyens à adopter des comportements plus durables.

Jana Hosková de la Commission européenne a déclaré que, d’ici 2030, les textiles mis sur le marché de l’UE devraient avoir une longue durée de vie, être recyclables et produits dans le respect des droits sociaux et de l’environnement. Quinten Schaap, directeur fondateur de Bakermat, a plaidé pour des relations de collaboration entre l’industrie textile actuelle et la prochaine génération de créateurs et de designers, visant à co-créer des textiles transparents et responsables.

Avec unric.org

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