Lancée en 2020 pour prendre le relais du Plan Maroc Vert, la stratégie Génération Green entre dans une phase décisive de consolidation. Elle poursuit un triple objectif : favoriser l’émergence d’une classe moyenne rurale, encourager l’entrepreneuriat des jeunes et promouvoir une agriculture résiliente face aux défis climatiques et technologiques.
À ce jour, près de 10 000 jeunes ont été accompagnés, porteurs de près de 3 900 projets agricoles répartis sur l’ensemble du territoire, selon les chiffres du ministre de l’Agriculture, Ahmed El Bouari. Cette dynamique repose sur un réseau de 12 centres régionaux dédiés, des antennes locales et un plan d’incubateurs agricoles régionaux destiné à assurer un encadrement de proximité efficace.
Dans cette logique de modernisation, la plateforme ChababAgri incarne une avancée importante : elle digitalise les démarches administratives et rend plus accessible le parcours entrepreneurial en milieu rural.
Une ambition forte, des défis persistants
Le dispositif d’accompagnement ne se limite pas à la technique : Fonds de développement agricole (FDA), agriculture solidaire, agrégation, et incitations à la melkisation complètent l’arsenal d’appui. L’accès au financement est également encouragé, via notamment le programme Al Moustatmir Al Qaraoui, soutenu par le Groupe Crédit Agricole du Maroc.
Des soutiens internationaux – UE, AFD, Banque mondiale – sont également mobilisés pour renforcer les lignes de crédit. Toutefois, des inégalités régionales d’accès persistent, et les zones de montagne ou de cultures non traditionnelles souffrent d’un déficit d’ingénierie technique. Plusieurs jeunes agriculteurs pointent également un accompagnement encore trop administratif, éloigné des réalités de terrain.
Le foncier et la formation, leviers critiques
L’accès au foncier collectif melkisé est une pierre angulaire de la stratégie, avec un objectif d’un million d’hectares mobilisés. Mais la complexité des procédures, l’absence de cadastre harmonisé et les délais administratifs ralentissent l’impact réel sur l’emploi rural.
Côté formation, l’enjeu est de taille. Si l’offre évolue, elle peine encore à répondre aux nouveaux besoins des filières innovantes : drones, agriculture de précision, intelligence artificielle… Autant de compétences encore peu diffusées dans les parcours classiques.
Une agriculture durable face à l’urgence climatique
Face au stress hydrique croissant, Génération Green place la durabilité au cœur de sa vision. Des actions sont menées en faveur de l’irrigation localisée, de la recyclabilité des eaux usées traitées, ou encore de l’agriculture climato-intelligente.
Le lancement d’un concours national pour les projets agricoles innovants illustre cette volonté de faire émerger une agriculture plus résiliente. Mais le rythme du changement climatique impose une adaptation accélérée. Le ministère appelle à une révision continue des priorités, notamment en faveur de filières sobres et adaptées comme le cactus, l’olivier ou les plantes aromatiques.
En somme, Génération Green jette les bases d’un nouveau modèle agricole, centré sur l’innovation, la durabilité et l’inclusion des jeunes. Pour réussir d’ici 2030, il faudra toutefois maintenir une cadence élevée de déploiement, renforcer la coordination entre acteurs, et surtout, transformer les jeunes en véritables acteurs de leur avenir agricole.
Avec FNH