Malgré la transition énergétique en cours, la consommation mondiale de charbon devrait atteindre un niveau record en 2025, selon le dernier rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). La demande progresserait légèrement par rapport à 2024, déjà une année historique, pour atteindre 8,85 milliards de tonnes, soit une hausse d’environ 0,5 %.
Pour l’AIE, 2025 s’achemine ainsi vers un nouveau sommet historique, même si l’agence estime que cette dynamique marque l’approche d’un plateau. « L’ère de la croissance du charbon touche à sa fin », a indiqué Keisuke Sadamori, directeur des marchés de l’énergie à l’AIE, tout en soulignant que la baisse effective ne devrait intervenir qu’à partir de la fin de la décennie.
La consommation reste principalement tirée par la production d’électricité, qui représente près des deux tiers de l’usage mondial du charbon. Toutefois, l’AIE anticipe un recul progressif de cette utilisation dès 2026, sous l’effet de la montée en puissance des énergies renouvelables, du nucléaire et de l’arrivée massive de gaz naturel liquéfié sur les marchés.
La part du charbon dans la production mondiale d’électricité continue ainsi de diminuer. Elle est passée de 41 % en 2013 à environ 34 % attendus en 2025, soit le niveau le plus bas jamais observé par l’AIE. Une tendance structurelle qui confirme le lent déclassement du charbon dans le mix énergétique mondial, malgré des volumes encore élevés.
La Chine demeure de loin le premier consommateur mondial, avec 56 % de la demande globale. En 2025, sa consommation devrait rester globalement stable par rapport à l’année précédente. À l’inverse, les trajectoires diffèrent selon les régions. En Inde, moteur de la croissance ces dernières années, une mousson précoce et abondante a entraîné un recul inhabituel de la demande.
Aux États-Unis, en revanche, la consommation a été soutenue par la hausse des prix du gaz et par des politiques favorables aux énergies fossiles, ralentissant la fermeture des centrales à charbon. Le pays contribue à lui seul à près de 37 millions de tonnes de la hausse mondiale observée en un an.
En Europe, la baisse s’est limitée à 3 %, après des reculs beaucoup plus marqués en 2023 et 2024. Cette évolution s’explique notamment par une production plus faible d’électricité hydraulique et éolienne au premier semestre.
À moyen terme, l’AIE prévoit une stabilisation de la demande mondiale, suivie d’un léger recul d’ici 2030, pour revenir à des niveaux proches de ceux de 2023. L’Inde devrait néanmoins enregistrer la plus forte hausse en valeur absolue sur la période, tandis que l’Asie du Sud-Est afficherait la croissance la plus rapide.
L’agence met toutefois en garde contre les incertitudes qui pèsent sur ces perspectives, notamment en Chine. Un déploiement plus lent que prévu des capacités renouvelables pourrait retarder le recul attendu du charbon et maintenir la pression sur les émissions mondiales de CO₂.



