La construction d’un modèle intégré liant l’eau, les énergies renouvelables et les systèmes alimentaires constitue désormais « le cœur » de la stratégie nationale de l’eau pour faire face à la pression hydrique croissante, a affirmé, mardi à Marrakech, le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka.
Intervenant lors d’une rencontre ministérielle, organisée dans le cadre du 19e Congrès mondial de l’eau, M. Baraka a souligné que le Royaume a choisi une voie proactive fondée sur l’innovation, la planification de long terme et la transformation structurelle de la production de l’eau.
Le ministre a rappelé que le Maroc a engagé un changement profond dans sa politique hydrique, en mettant en œuvre des plans directeurs intégrés des bassins hydriques (PDAIRE) à l’horizon 2050, qui cartographient précisément les ressources de chaque bassin, leurs besoins, leurs vulnérabilités et les projets prioritaires.
Ces plans, a-t-il poursuivi, nourrissent désormais le Plan national de l’eau, véritable feuille de route pour l’ensemble des acteurs.
En outre, M. Baraka a mis en avant la montée en puissance d’une nouvelle architecture hydrique fondée sur un mix combinant le dessalement, les grands barrages, la réutilisation des eaux usées traitées, la recharge artificielle des nappes, ainsi que la digitalisation des réseaux et des contrats de gestion durable des eaux souterraines.
« Notre objectif est clair : passer du simple « gestionnaire de la rareté » à un pays producteur d’eau », a-t-il insisté, rappelant que le Maroc exploite déjà 17 stations de dessalement, auxquelles s’ajoutent plusieurs projets en cours, pour atteindre une capacité de 1,7 milliard de m³ par an d’ici 2030, alimentées en grande partie par les énergies renouvelables afin de réduire les coûts et garantir la durabilité du service.
Le ministre a aussi évoqué un ensemble d’initiatives novatrices entreprises à l’échelle nationale, à savoir le recours à des panneaux solaires flottants pour réduire l’évaporation dans les barrages et l’extension du programme d’ensemencement des nuages, outre les premières unités expérimentales produisant de l’eau à partir de l’humidité atmosphérique, destinées aux écoles et centres ruraux éloignés.
De son côté, le ministre des Ressources en eau de la République populaire de Chine, Li Guoying, a salué la dynamique engagée par le Maroc, mettant en avant les convergences stratégiques entre les deux pays dans la gestion durable de l’eau.
Il a rappelé que la Chine, elle aussi, fait face à une pression accrue liée à la population et à la croissance urbaine, ce qui l’a poussée à investir dans la maîtrise de la demande, l’optimisation des réseaux et l’intégration de technologies avancées pour renforcer la résilience hydrique.
Le ministre chinois a, dans ce sens, mis l’accent sur la nécessité, pour les pays confrontés aux mêmes défis, de mutualiser les savoir-faire, notamment en matière de suivi météorologique, de gestion des bassins et de rationalisation des usages agricoles.
Pour sa part, le vice-ministre de l’Agriculture et des Forêts en Turquie, Ebubekir Gizligider, a insisté sur l’importance d’adopter des politiques combinant anticipation climatique, infrastructures robustes et gouvernance partagée, estimant que les épisodes d’inondations et de sécheresses, de plus en plus fréquents dans la région, imposent une coopération renforcée et un échange continu d’expériences.
Placé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Congrès Mondial de l’Eau, coorganisé jusqu’au 5 décembre par le ministère de l’Équipement et de l’Eau et l’Association Internationale des Ressources en Eau (IWRA), se veut l’occasion d’explorer des solutions innovantes, des stratégies et des approches adaptatives pour les ressources en eau dans un monde en changement permanent.
Au programme de cette 19e édition, figurent une table ronde ministérielle, quatre panels de haut niveau, plus de 140 sessions techniques animées par des experts internationaux, des événements parallèles pour approfondir des thématiques spécialisées et un vaste espace d’exposition dédié à la présentation des technologies et des projets hydriques innovants.
Les travaux de cet événement d’envergure seront sanctionnés par la « Déclaration de Marrakech », un appel collectif réunissant décideurs, scientifiques et praticiens pour renforcer le lien entre science, politique et action et accélérer la mobilisation mondiale pour la préservation de l’eau.
MAP


