Le Maroc mise résolument sur le dessalement de l’eau de mer pour répondre à la crise hydrique. Dix-sept usines sont déjà en service, treize autres en construction, et la plus grande d’Afrique sortira bientôt de terre à Casablanca. Objectif : produire 1,7 milliard de m³ d’ici 2033. Mais cette montée en puissance a un coût.

Selon le cabinet Renub Research, le marché marocain du dessalement atteindra 850 millions de dollars en 2033, presque le double du niveau actuel. Cette croissance reflète l’ambition du Royaume de sécuriser durablement ses ressources, dans un contexte de sécheresse chronique et de stress hydrique extrême.

Les grandes stations d’Agadir, Dakhla ou Laâyoune témoignent déjà de cette dynamique. Certaines fonctionnent même à 100% grâce aux énergies renouvelables, comme celle de Dakhla, alimentée par le vent. Car le dessalement consomme entre 4 et 6 kWh d’électricité par mètre cube, un défi énergétique que le Maroc tente de relever en mariant eau et énergie verte.

Mais malgré cette stratégie, le coût du mètre cube reste élevé — entre 7 et 10 dirhams, contre 3 à 4 pour l’eau des barrages. Sans soutien public ou tarification adaptée, cette différence risque de peser sur les communes et sur l’agriculture, notamment dans les régions du Sud.

S’ajoutent les défis environnementaux, liés notamment au rejet de saumures, ces eaux ultra-salées qui menacent les écosystèmes marins. Des pistes de valorisation minérale existent, mais les applications industrielles tardent à émerger.

Enfin, la gouvernance du secteur demeure morcelée. Ministères, agences et collectivités se partagent les compétences, au risque de ralentir les projets. L’idée d’une autorité nationale de régulation de l’eau fait son chemin pour garantir cohérence et planification à long terme.

En somme, le Maroc avance vite — et bien — sur la voie du dessalement, mais la question n’est plus seulement de produire de l’eau : il s’agit désormais de la produire durablement et à coût maîtrisé. Un équilibre délicat entre urgence hydrique, viabilité économique et respect de l’environnement.

Avec Le360

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