Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a rendu public, mercredi à Rabat, son avis sur les effets du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) de l’Union européenne, une mesure qui entrera en vigueur début 2026 et qui pourrait modifier les règles du jeu pour les exportateurs marocains.
Présentant ce rapport, le président du CESE, Abdelkader Amara, a insisté sur l’importance stratégique du sujet : « L’Union européenne est le premier partenaire commercial du Maroc. L’introduction du MACF aura donc un impact direct sur la compétitivité de nos exportations et sur la capacité de nos entreprises à s’adapter aux nouvelles exigences environnementales mondiales. »
Un impact limité, mais des défis à anticiper
À court terme, l’effet de ce mécanisme sur le Maroc reste limité : à peine 3,7 % des exportations vers l’UE sont concernées, dont 2,9 % liées aux engrais. Mais le CESE met en garde contre une tendance de fond qui pourrait s’étendre à d’autres secteurs, avec des contraintes techniques et financières de plus en plus lourdes pour les industriels.
Le rapporteur du dossier, Amine Mounir Alaoui, a rappelé que le MACF s’inscrit dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe, qui vise la neutralité climatique en 2050. Il concernera d’abord les produits les plus émetteurs de CO2 : acier, aluminium, ciment, engrais, hydrogène et électricité.
Le Maroc déjà engagé dans la transition
Le Conseil souligne que le Royaume n’est pas en retard dans ce domaine. Depuis plusieurs années, des politiques ambitieuses en matière d’énergie, d’environnement et d’industrie bas carbone ont été déployées, avec un objectif affiché de neutralité carbone à l’horizon 2050.
Néanmoins, plusieurs fragilités demeurent : manque de ressources humaines spécialisées, difficultés d’accès à une information fiable et standardisée, exigences techniques coûteuses, ou encore retards dans l’opérationnalisation de certains chantiers de décarbonation.
Quatre priorités pour préparer les exportateurs
Pour anticiper les effets du MACF, le CESE recommande :
- La mise en place d’un cadre institutionnel et opérationnel pour accompagner les exportateurs.
- L’adoption d’une stratégie nationale de tarification carbone, progressive et cohérente.
- L’accélération de la stratégie bas carbone.
- Le renforcement de la coopération internationale et régionale afin de protéger la compétitivité des entreprises marocaines.
Cet avis, adopté à l’unanimité lors de la 173e session ordinaire du CESE le 28 août dernier, illustre une nouvelle étape dans la réflexion nationale sur l’articulation entre commerce international, transition écologique et souveraineté industrielle.