Le Conseil de la concurrence a publié un avis majeur sur l’avenir du secteur électrique marocain, appelant à un recentrage de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), à l’ouverture progressive à la concurrence et à une réduction significative des coûts de production. L’objectif : transformer l’électricité en moteur de compétitivité économique, tout en suivant les orientations royales.
Le Maroc a consolidé sa sécurité d’approvisionnement et développé ses infrastructures énergétiques au cours des deux dernières décennies. Le programme d’électrification rurale globale a desservi près de 13 millions de personnes, et les investissements dans le solaire et l’éolien ont fait du pays un acteur régional de référence.
Pourtant, le modèle actuel montre ses limites. Le système reste fortement dépendant des énergies fossiles et de contrats d’approvisionnement rigides, générant une dette importante pour l’ONEE. Selon le Conseil, cette centralisation excessive limite la transparence et l’efficacité, avec des coûts élevés liés à la généralisation du service public, au transport et à la distribution, notamment rurale, où les pertes techniques et financières demeurent importantes.
L’avis propose de recentrer l’Office sur ses missions stratégiques : planification, transport et équilibre offre-demande. La production et la distribution seraient progressivement transférées à des acteurs privés et à des Sociétés régionales multiservices (SRM) pour la gestion locale. Une structure de défaisance gérerait les dettes liées aux contrats non compétitifs ou aux engagements sociaux. Les contrats fossiles non rentables seraient résiliés avec compensation, tandis que ceux encore compétitifs seraient maintenus, et certains accords avec Masen prolongés pour optimiser les coûts. L’objectif affiché : réduire le coût moyen de production de l’électricité de 0,9 à 0,6 dirham/kWh sur vingt ans.
L’autoproduction domestique et agricole, déjà adoptée dans plus de 50.000 installations, est également encouragée comme levier pour transformer les consommateurs en producteurs et renforcer la résilience énergétique.
Au final, le Conseil insiste sur une vision à 20-40 ans, visant à concilier universalité du service public, compétitivité économique, souveraineté énergétique et valorisation des ressources renouvelables.