La transition énergétique franchit une nouvelle étape au Maroc. Après plusieurs années de gestation, le cadre réglementaire encadrant l’autoproduction d’électricité est désormais prêt. La publication imminente des derniers décrets d’application de la loi 82-21 va permettre aux particuliers, entreprises et industriels de produire, stocker et vendre leur propre électricité dans un cadre légal clairement défini.

Adoptée en 2021, cette loi ambitionne de démocratiser l’accès à l’énergie renouvelable et de décentraliser la production électrique. Sa mise en œuvre effective était jusqu’ici entravée par l’absence de textes d’application. Ce blocage est en passe d’être levé : quatre décrets viennent d’être finalisés et transmis au Secrétariat général du gouvernement. Leur adoption imminente ouvre la voie à un nouveau modèle énergétique, plus souple, plus inclusif et plus compétitif.

Le dispositif réglementaire s’articule autour de trois régimes selon la puissance installée. Les installations domestiques inférieures à 11 kW seront soumises à une simple déclaration. Entre 11 kW et 5 MW, un raccordement formel devra être demandé auprès de l’ONEE ou des sociétés régionales multiservices. Au-delà, une autorisation spécifique sera requise et délivrée par le ministère de la Transition énergétique. Le seuil d’accès au réseau, auparavant fixé à 300 MW, est désormais abaissé à 5 MW, ce qui élargit significativement le spectre des acteurs éligibles, notamment les PME industrielles.

Pour les ménages, cette réforme autorise l’installation de panneaux photovoltaïques couvrant la majorité des besoins domestiques. Mieux encore, les producteurs auront la possibilité de revendre jusqu’à 20 % de leur production annuelle au gestionnaire du réseau, tout en ayant recours à des dispositifs de stockage pour renforcer leur autonomie énergétique.

Au-delà de l’autoproduction individuelle, la réforme cherche à structurer un véritable écosystème autour des énergies renouvelables. Un fonds d’appui est prévu pour accompagner les PME spécialisées dans l’installation et la maintenance des équipements. L’État souhaite également encourager la fabrication locale de composants essentiels, tels que les panneaux solaires, batteries et systèmes de gestion intelligente.

Les nouveaux décrets fixent aussi les conditions de stockage et d’écrêtement, une mesure cruciale pour maintenir la stabilité du réseau. En cas de surplus temporaire, les opérateurs pourront réduire l’injection d’électricité dans le réseau, comme cela se pratique déjà dans d’autres pays à forte pénétration d’énergies renouvelables.

Enfin, les textes prévoient la mise en place de compteurs intelligents et la délivrance de certificats d’origine garantissant la traçabilité de l’électricité verte produite. Une avancée qui s’inscrit dans une logique d’alignement avec les exigences internationales, notamment celles imposées par les mécanismes de taxe carbone dans l’Union européenne.

Avec ce cadre complet, le Maroc donne un signal fort à ses citoyens et à ses industriels : celui d’une transition énergétique ouverte, compétitive et tournée vers l’innovation locale.

Avec Challenge

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