Le mercredi 15 janvier, Zineb El Adaoui, Premier Président de la Cour des Comptes, s’est exprimée devant les deux Chambres du Parlement pour mettre en avant l’impératif d’une planification plus cohérente du secteur énergétique. Présentant les conclusions du rapport de la Cour des Comptes pour la période 2023-2024, elle a souligné la nécessité d’une approche intégrée et diversifiée pour renforcer la stratégie énergétique nationale (SEN) 2009-2030.
Si le Maroc a enregistré des avancées notables, en se classant à la quatrième position en Afrique et à la troisième dans le monde arabe pour la capacité installée de production d’électricité issue des énergies renouvelables, des axes d’amélioration subsistent. La planification actuelle reste trop centrée sur l’électricité, négligeant des aspects clés comme la sécurité d’approvisionnement, l’efficacité énergétique et la diversification des sources d’énergie, a-t-elle précisé.
El Adaoui a également pointé le faible recours aux contrats-programmes entre l’État et les établissements publics du secteur, un levier pourtant essentiel pour une meilleure gouvernance. Depuis le lancement de la stratégie en 2009, seuls deux contrats ont été conclus avec l’ONEE, respectivement pour les périodes 2008-2011 et 2014-2017, un rythme insuffisant au regard des ambitions du pays.
Pour atteindre l’objectif fixé de 52 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici 2030, le rythme de réalisation des projets doit être accéléré. L’absence d’une capacité de transport électrique suffisante freine notamment l’autorisation de certains projets portés par le secteur privé, a-t-elle expliqué.
L’efficacité énergétique, bien qu’inscrite comme priorité nationale, peine également à se concrétiser. Le taux d’économie d’énergie atteint à peine 5,8 %, loin des 20 % escomptés à l’horizon 2030. Un manque de financement, des retards dans la mise en œuvre de la loi 47.09 et l’absence d’un cadre incitatif adapté freinent les progrès dans ce domaine.
Quant au secteur des hydrocarbures, il reste confronté à d’importants défis, notamment en matière de gestion des stocks de réserve. Ceux-ci demeurent en dessous du seuil réglementaire de 60 jours, avec des niveaux de stockage observés en 2023 variant entre 31 et 37 jours pour les principaux produits pétroliers. Par ailleurs, la diversification des points d’entrée demeure limitée, le port de Tanger Med étant le seul ajout significatif depuis 2009.
En conclusion, El Adaoui a insisté sur la nécessité d’une refonte globale de la stratégie énergétique, en tenant compte des spécificités locales et des impératifs de développement durable, tout en renforçant la coordination entre les différents acteurs du secteur.