Un nouveau scandale écologique secoue la ville de Tanger. Selon des révélations publiées par Al Akhbar, des volumes importants de lixiviat – ce liquide hautement toxique issu de la décomposition des déchets – auraient été déversés directement dans la mer, sans autorisation préalable ni traitement adéquat. Une situation alarmante qui a conduit plusieurs députés à interpeller les autorités, preuves à l’appui.
Vidéos à l’appui, on y voit un camion-citerne vidant son contenu noirâtre sur la plage de Merkala, à quelques encablures des zones les plus fréquentées de la baie de Tanger. Une mer qui, pourtant, est censée être un patrimoine naturel, un levier de développement touristique, et un symbole de la beauté du littoral nord.
Derrière cette pollution, c’est le fonctionnement même du centre d’enfouissement et de valorisation des déchets qui est mis en cause. L’entreprise en charge de la gestion du site d’El Manzla est accusée d’avoir contourné les règles de base en matière d’environnement, en l’absence d’infrastructures opérationnelles pour le traitement du lixiviat. Pire encore, des élus affirment avoir tiré la sonnette d’alarme depuis des mois sans obtenir de réponses claires.
En dépit des investissements publics massifs injectés pour assurer la gestion durable des déchets dans la région, le tri à la source reste marginal, et aucune station de traitement des liquides toxiques n’a vu le jour à ce jour. Le projet, censé être un modèle de modernité et de respect des normes environnementales, tourne au fiasco.
Du côté de la mairie de Tanger, c’est un silence qui dérange. Alors que les preuves s’accumulent et que la colère gronde, la collectivité n’a jusqu’ici émis aucun communiqué. Une attitude d’autant plus critiquée que la ville n’a jamais manqué de vanter sa politique environnementale dans ses communications officielles.
Les parlementaires alertent aujourd’hui sur les dangers immédiats : risques sanitaires pour les baigneurs et les riverains, dégradation irréversible de l’écosystème marin, perte de biodiversité… et une image ternie à l’international pour une ville qui mise gros sur le tourisme balnéaire.
Entre opacité de la gestion, manquements techniques et responsabilités politiques floues, ce dossier soulève une question plus large : celle de la gouvernance environnementale dans les grandes villes marocaines. À Tanger, la mer commence à rendre ses comptes.
Avec Al Akhbar