Le Maroc continue de faire face à une crise hydrique alarmante, marquée par une réduction drastique des ressources en eau. Entre 2018 et 2024, le pays a enregistré des déficits hydriques annuels atteignant des records inquiétants, accentuant la pression sur les réserves disponibles. Ces chiffres traduisent une réalité préoccupante.
Une baisse vertigineuse des ressources hydriques
D’après les données de la plateforme Maa Dialna, les apports en eau ont diminué de manière spectaculaire au cours des sept dernières années. Les déficits annuels se sont enchaînés, atteignant jusqu’à -85% en 2021. Les ressources totales, estimées à 10,8 milliards de m³ en 2018, sont tombées à seulement 3,37 milliards de m³ en 2024. Après une modeste reprise en 2021, avec 5,3 milliards de m³, les volumes ont de nouveau chuté à des niveaux critiques, notamment 2 milliards de m³ en 2022, marquant une année noire pour l’hydrologie nationale.
Les barrages, témoins d’un déclin continu
Les barrages marocains, autrefois moteurs de stockage et de régulation des ressources en eau, sont désormais en sous-capacité chronique. Entre 2018 et 2024, leurs réserves ont diminué de moitié, passant de 8,9 milliards de m³ à seulement 4,4 milliards de m³. Bien qu’une amélioration temporaire ait été constatée en 2021, où les réserves avaient atteint 6,5 milliards de m³, la tendance générale reste alarmante.
Priorité à l’eau potable, sacrifices pour l’agriculture
Pour faire face à la pénurie, le Maroc a intensifié ses efforts pour garantir l’accès à l’eau potable, une priorité absolue dans ce contexte de stress hydrique. Entre 2018 et 2024, la distribution d’eau potable est passée de 743 millions de m³ à 1,06 milliard de m³, grâce à des solutions comme le dessalement de l’eau de mer et l’exploitation accrue des nappes phréatiques.
Cependant, cette réorientation a eu des conséquences sur le secteur agricole, principal consommateur d’eau. Les volumes alloués à l’irrigation ont considérablement diminué, mettant en péril certaines cultures et accentuant les difficultés des agriculteurs.
Une gestion de crise pour un avenir incertain
Face à l’urgence, les autorités marocaines multiplient les initiatives, mais les défis restent colossaux. L’érosion continue des ressources hydriques, symbolisée par l’état critique du barrage Al Massira, nécessite des solutions durables et une gestion plus stricte des usages. Avec des réserves en déclin et des besoins en hausse, le Maroc est à un tournant décisif dans sa lutte contre le stress hydrique.
Avec Le360