Le Maroc renforce une nouvelle fois son ancrage dans les mécanismes internationaux de financement du développement durable. Le Fonds international de développement agricole (FIDA) vient de procéder à une nouvelle émission obligataire destinée à Bank Al-Maghrib. Cette opération, la onzième du genre, s’inscrit dans le programme financier du FIDA pour l’année 2025 et témoigne d’un partenariat de longue date entre l’institution onusienne et la Banque centrale marocaine.
Ce placement privé de 150 millions de dollars, soit près de 1,47 milliard de dirhams, bénéficie d’une maturité de dix ans. Il fait suite à une première opération lancée en juillet 2024, d’un montant de 100 millions d’euros. Ensemble, ces deux initiatives traduisent la confiance renouvelée de la Banque centrale marocaine dans les mécanismes de financement du FIDA, mais surtout la solidité d’un lien stratégique au service du développement rural.
Natalia Toschi, responsable du financement au FIDA, n’a pas manqué de souligner la portée de ce geste : « Le renouvellement de la confiance de Bank Al-Maghrib nous honore tout particulièrement. Il témoigne de la portée d’une relation patiemment construite, au service de notre vocation universelle, plus pressante que jamais à l’heure des bouleversements mondiaux. »
Un engagement marocain de longue haleine
Ce soutien financier ne se limite pas à une simple opération de marché. Il s’inscrit dans un partenariat historique qui lie le Royaume au FIDA depuis plus de quarante ans. Depuis 1979, seize programmes ont été financés au Maroc, pour un montant global dépassant 1,7 milliard de dollars. Plus de 700 000 ménages ruraux en ont déjà bénéficié.
Aujourd’hui, le portefeuille actif dans le pays compte trois projets majeurs, totalisant 250 millions de dollars, soit environ 2,45 milliards de dirhams. Ces projets, conçus en cohérence avec la stratégie « Génération Green 2020–2030 », visent notamment à renforcer les capacités des femmes et des jeunes dans les zones montagneuses, souvent les plus marginalisées.
Pour Donal Brown, vice-président adjoint des opérations du FIDA, « le Maroc s’illustre non seulement par l’ampleur de son engagement, mais aussi par la lucidité de sa vision en matière d’agriculture, de résilience climatique et de développement territorial ».
L’agriculture paysanne, un levier sous-exploité
Ce soutien stratégique au FIDA répond à des enjeux cruciaux à l’échelle planétaire. Dans les pays en développement, près de trois milliards de personnes vivent dans les zones rurales. Bien qu’ils produisent plus d’un tiers de la nourriture mondiale, les petits exploitants agricoles figurent parmi les populations les plus précaires : 80 % des plus pauvres vivent en milieu rural et 730 millions de personnes souffrent encore de la faim.
Or, l’agriculture paysanne, lorsqu’elle bénéficie d’un financement adapté, constitue un levier puissant de transformation sociale, économique et environnementale. Elle est au cœur de plusieurs Objectifs de développement durable, notamment l’éradication de la pauvreté (ODD1) et la lutte contre la faim (ODD2).
À travers ce type de placement, Bank Al-Maghrib se positionne non seulement comme un acteur financier responsable, mais également comme un partenaire engagé pour un développement plus inclusif. En soutenant les missions du FIDA, le Maroc envoie un signal fort : les territoires ruraux ne doivent plus être les oubliés de la croissance, mais bien les moteurs d’un avenir durable.