La sécheresse persistante qui frappe le Maroc depuis une décennie met en péril l’ensemble de la filière des plantes médicinales et aromatiques (PMA), un secteur vital pour l’économie locale et pour les industries pharmaceutiques, cosmétiques et agroalimentaires à l’échelle internationale.
Des ressources hydriques au plus bas
L’épuisement des nappes phréatiques affecte aussi bien les cultures irriguées que les récoltes sauvages. Faute de ressources en eau, aucune extension des surfaces cultivées n’est possible, et les quotas agricoles sont réduits pour préserver l’eau potable, notamment dans des zones sensibles comme la région de Rabat.
Les premiers signes de pénurie se font sentir. Dans la région de l’Oriental, l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) n’a pu attribuer que trois parcelles de romarin lors de son dernier appel d’offres, contre treize les années précédentes. Autrefois abondante, cette plante devient aujourd’hui quasi introuvable sur le marché.
Des prix à la production qui s’envolent
Face à la raréfaction, les prix flambent. À la ferme, le prix de la menthe a triplé, la verveine a doublé, et celui de la rose a progressé de 40 à 50 %. Ces hausses concernent l’ensemble du marché des PMA. Certaines espèces autrefois communes, comme la mousse de chêne ou le lierre commun, disparaissent progressivement des circuits d’approvisionnement, compromettant la continuité des chaînes de production à l’échelle mondiale.
Un impact direct sur les exportations
Les faibles précipitations de mars ont apporté un répit limité, insuffisant pour inverser la tendance. Le manque de neige dans les zones montagneuses, indispensable à certaines espèces, aggrave encore la situation.
En conséquence, les exportations diminuent alors que les prix à l’international augmentent — en moyenne de 30 % entre 2023 et 2025. Les producteurs privilégient désormais des relations commerciales durables, avec un approvisionnement sélectif selon les régions.
Malgré ces difficultés, les marchés en Europe, en Inde, en Chine ou encore en Afrique de l’Ouest continuent d’être alimentés, mais avec des volumes réduits et des tarifs plus élevés.