Coca-Cola, géant de l’industrie des boissons, se trouve à un tournant décisif face à l’augmentation exponentielle de sa consommation de plastique. Si la croissance de ses ventes va de pair avec l’augmentation des volumes de plastique utilisés, la marque cherche aujourd’hui à répondre à la pression croissante des enjeux environnementaux.
En 2023, la société a utilisé près de 3,45 millions de tonnes de plastique, une hausse de 16 % par rapport à 2018. Ce chiffre inquiétant est directement lié à l’augmentation des ventes, dont le chiffre d’affaires est passé de 34,3 milliards de dollars en 2018 à 45,8 milliards en 2023. L’usage des bouteilles à usage unique a, quant à lui, grimpé de 117 à 137 milliards d’unités, marquant une tendance qui pourrait se poursuivre à l’horizon 2030 si aucune mesure structurelle n’est prise. Le rapport d’Oceana prévoit ainsi que Coca-Cola atteindra 4,13 millions de tonnes de plastique par an d’ici la fin de la décennie, avec des conséquences dramatiques pour l’environnement, notamment en matière de pollution des océans.
Mais dans cette course à la production, Coca-Cola n’a pas tardé à multiplier les initiatives pour réduire son empreinte écologique. Le recyclage est un axe clé de sa stratégie. En 2023, l’entreprise a annoncé un taux de collecte mondial de 62 % pour ses bouteilles, avec l’objectif d’atteindre 70 à 75 % d’ici 2035. Pour cela, Coca-Cola investit massivement dans le plastique recyclé, avec une dépense de 959 millions de dollars en 2022 pour l’achat de rPET, le plastique recyclé destiné à être réutilisé dans ses emballages.
Cependant, l’entreprise va au-delà du recyclage classique et explore une autre voie prometteuse : la réutilisation. En 2023, près de 10,2 % des produits Coca-Cola étaient conditionnés dans des emballages réutilisables, tels que des bouteilles en verre ou en PET rechargeables. Ce modèle rencontre un certain succès, notamment dans plus de 20 marchés où la part des réutilisables dépasse 50 %. Un des avantages majeurs de ce système est son taux de retour impressionnant de 93 %, bien supérieur à celui du recyclage traditionnel. Ce modèle de réutilisation pourrait permettre à Coca-Cola de réduire de 15 % ses volumes de plastique d’ici 2030.
Un autre aspect important réside dans l’impact carbone des deux solutions. Les analyses internes de l’entreprise indiquent que les bouteilles réutilisables génèrent jusqu’à 47 % d’émissions de CO₂ en moins que les bouteilles à usage unique. Ces résultats sont prometteurs, notamment grâce à l’utilisation d’énergies renouvelables dans les centres de lavage et à une gestion optimisée des cycles de vie des produits.
Cependant, les défis restent nombreux. Le recyclage, bien que central dans la stratégie de Coca-Cola, demeure limité par des contraintes structurelles. En Afrique du Sud, par exemple, seule une fraction du plastique collecté est réellement revalorisée. Sur les 68 413 tonnes collectées par l’usine PETCo, seulement 40 % ont été transformées en PET alimentaire, avec des résultats similaires observés au Mexique et aux Philippines.
Ainsi, face à ces défis, Coca-Cola semble avoir trouvé un équilibre entre recyclage et réutilisation. Si le recyclage continue d’évoluer, le recours à des emballages réutilisables semble offrir une solution plus pérenne, notamment pour répondre aux enjeux climatiques et de gestion des ressources. La question qui reste en suspens est de savoir si cette stratégie sera suffisante pour tenir l’objectif de durabilité de l’entreprise à l’horizon 2030. Les prochaines années seront cruciales pour déterminer si Coca-Cola peut véritablement inverser la tendance de la pollution plastique tout en continuant à répondre à la demande mondiale croissante.
Source: rse-magazine.com