À Dar Bouazza, la pollution chronique de l’oued Merzeg a de nouveau été placée sous les projecteurs. Lundi dernier, le gouverneur de la préfecture de Nouaceur, Jalal Benhayoun, s’est rendu sur place et a exprimé sa profonde inquiétude face à la situation. Ce qu’il a constaté sur le terrain dépasse le simple dysfonctionnement technique : c’est une véritable catastrophe écologique que subit le littoral de Dar Bouazza, où les eaux usées continuent d’être déversées massivement dans la mer.
Une situation insoutenable sur le plan sanitaire et environnemental
À l’embouchure de l’oued, le spectacle est alarmant. Des flots d’eaux usées, venus de plusieurs communes environnantes, y convergent chaque jour, provoquant une pollution visuelle et olfactive insoutenable. L’origine de ces rejets serait multiple : station d’épuration de Berrechid, zone industrielle de Had Soualem, commune de Lakhyayta, sans oublier les branchements clandestins de certains quartiers résidentiels raccordés illégalement au lit de l’oued.
Cette pollution, confirmée par les analyses du Laboratoire national de l’environnement, met en péril l’équilibre écologique de la région et menace la santé des citoyens, particulièrement durant la saison estivale.
Le Pavillon Bleu hors d’atteinte
La plage de l’oued Merzeg ne pourra toujours pas prétendre au label « Pavillon Bleu », symbole de qualité environnementale, délivré par la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement. L’état des eaux de baignade, loin de respecter les normes requises, prive Dar Bouazza et Tamaris de ce précieux sésame, malgré leur vocation touristique affirmée.
Le gouverneur a rappelé avec fermeté que ce manquement représente un danger sérieux, non seulement pour la santé publique, mais aussi pour l’image de la région.
Un jeu de responsabilités qui freine toute solution
La situation perdure depuis des années, alimentée par un flou autour des responsabilités. Lors des conseils municipaux successifs et réunions officielles à la préfecture, les différents acteurs – municipalités de Berrechid, Soualem, Lakhyayta, et Agence du bassin hydraulique – se renvoient mutuellement la balle. Certains ont même évoqué l’idée de poursuites judiciaires contre la commune de Berrechid, accusée de rejets polluants depuis sa station d’épuration. Mais aucune procédure concrète n’a encore vu le jour.
Pendant ce temps, les habitants de Dar Bouazza voient leur plage défigurée, leur environnement dégradé, et leur santé exposée à des risques croissants.
Vers un sursaut ?
Face à l’ampleur du problème, le gouverneur Benhayoun a exigé une réaction immédiate. Son message est clair : les responsables locaux et les opérateurs doivent prendre leurs responsabilités, sans attendre davantage. Une coordination plus rigoureuse, des mesures coercitives et des sanctions pourraient être envisagées si les engagements ne sont pas suivis d’effets.
Ce cri d’alarme pourrait marquer un tournant, à condition qu’il soit suivi d’actions concrètes et d’un engagement collectif. Car l’oued Merzeg n’a plus le luxe d’attendre.
Avec Al Akhbar