Le compte à rebours est lancé, et l’alerte est claire. À l’ouverture du Forum de l’ECOSOC sur le financement du développement, Antonio Guterres a exhorté la communauté internationale à « passer à la vitesse supérieure » pour sauver les Objectifs de développement durable (ODD), dont l’échéance de 2030 se profile à l’horizon.
À seulement cinq ans de la date butoir, le Secrétaire général des Nations Unies n’a pas mâché ses mots : le monde fait face à une série de retards et d’obstacles structurels menaçant gravement la concrétisation des 17 objectifs adoptés en 2015. En cause, un déficit de financement colossal estimé à 4.000 milliards de dollars par an, couplé à des coûts d’emprunt insoutenables qui freinent les investissements dans des domaines essentiels tels que l’éducation, la santé, les infrastructures ou encore la transition énergétique.
Les critiques de Guterres visent aussi les promesses non tenues des pays donateurs, dont l’aide publique au développement reste largement en deçà des engagements. Il dénonce en parallèle la montée des barrières commerciales, symptômes d’un climat de méfiance croissant entre nations, qui affaiblit la coopération mondiale et aggrave les tensions économiques. Selon lui, les guerres commerciales nuisent à tous, mais frappent plus durement encore les populations les plus vulnérables.
À quelques mois de la Conférence internationale de Séville sur le financement du développement, l’appel de l’ONU vise à réactiver l’engagement multilatéral. Guterres plaide pour un soutien accru aux pays en développement, notamment à travers une réforme du traitement de la dette, une meilleure gestion de la trésorerie en période de crise, et une refonte du cadre fiscal international pour qu’il soit plus équitable et adapté aux défis du développement durable et du climat.
Enfin, il interpelle le G20, le FMI et la Banque mondiale pour qu’ils accélèrent leurs efforts dans la mise en œuvre de mécanismes efficaces d’allègement de la dette, en particulier pour les pays à revenu intermédiaire souvent laissés pour compte.
Le message est limpide : sans un sursaut immédiat, l’ambition des ODD risque de rester lettre morte. À cinq ans de l’échéance, le temps n’est plus aux promesses, mais à l’action concrète.