Alors que les marchés traditionnels montrent des signes d’essoufflement, la Chine redirige une part croissante de ses exportations de panneaux photovoltaïques vers l’Afrique. Une dynamique qui place le continent – et plus particulièrement le Maroc – sur une trajectoire ascendante, selon les dernières données d’InfoLink basées sur les statistiques douanières chinoises.
Une envolée africaine dans un contexte mondial en recul
Sur les quatre premiers mois de 2025, les livraisons chinoises de modules solaires vers l’Afrique ont atteint 4,39 gigawatts (GW), en progression de 46 % par rapport à la même période en 2024. Le seul mois d’avril a enregistré une performance de 1,17 GW, soit une hausse de 70 % sur un an, malgré une légère baisse par rapport à mars (–11 %).
Alors que l’Europe, les Amériques et le Moyen-Orient affichent tous des replis à deux chiffres, l’Afrique fait figure d’exception. Ce rebond atteste d’un repositionnement stratégique de Pékin sur un marché en plein essor.
Le Maroc, nouveau point de mire
Si l’Afrique du Sud conserve son statut de premier acheteur africain (0,21 GW en avril), sa part dans les volumes globaux africains diminue, passant de 31 % en mars à 18 % en avril. Cette évolution marque un rééquilibrage progressif en faveur d’autres pays, avec en tête de file : le Maroc.
Bien que ses données douanières ne soient pas publiées en temps réel, plusieurs signaux indiquent une montée en puissance du Royaume dans le commerce des modules photovoltaïques chinois. Des cargaisons en provenance des provinces industrielles de Guangdong et Anhui auraient transité récemment par le port de Tanger Med à destination de la région de Béni Mellal-Khénifra, pour alimenter des projets associant production, stockage et injection sur le réseau national.
L’Afrique gagne du terrain dans les priorités chinoises
La poussée africaine s’inscrit dans un contexte global de contraction. En avril, les exportations chinoises de modules solaires ont reculé à 21,39 GW, soit une baisse mensuelle de 9 %. Entre janvier et avril, les expéditions mondiales ont totalisé 83,29 GW, en baisse de 6 % sur un an.
Ce ralentissement est en partie voulu. Pékin encourage depuis le début de l’année ses industriels à se recentrer sur le marché domestique, selon une note de la Commission nationale du développement et de la réforme (CNDR). Par ailleurs, les difficultés réglementaires rencontrées dans certaines régions d’Amérique latine et d’Asie du Sud ont contribué à une réorientation vers des marchés plus réactifs, dont plusieurs pays africains.
Une tendance appelée à se renforcer
Selon plusieurs sources du secteur, cette dynamique pourrait s’intensifier au second trimestre. Les fabricants chinois auraient entamé, dès la mi-avril, des démarches pour répondre à de nouveaux appels d’offres publics dans le nord de l’Afrique, signe d’un intérêt croissant pour une région qui combine ensoleillement, demande énergétique croissante et stratégies nationales ambitieuses.
Le Maroc, fort de ses ambitions en matière de transition énergétique, pourrait ainsi devenir un maillon clé de cette nouvelle géographie des flux photovoltaïques mondiaux.
Avec Barlamane