L’industrie de la mode italienne, pilier du luxe mondial, tente de redorer son image. Sous l’impulsion des autorités judiciaires, du gouvernement régional, des syndicats et des grandes maisons, un plan d’action a été signé ce lundi pour mettre fin aux dérives dans la chaîne d’approvisionnement du secteur.
Cette initiative fait suite à une série d’enquêtes menées par le parquet de Milan. Les magistrats y ont mis au jour un système largement répandu dans les coulisses de la fabrication de vêtements et d’accessoires : recours à des ateliers clandestins, conditions de travail précaires, salaires misérables et souvent non déclarés. Une méthode qualifiée de « généralisée » dans les documents judiciaires consultés par Reuters, qui alerte sur les dangers pour la santé et la vie des travailleurs, le tout au profit de marges gonflées.
Un précédent avait déjà frappé fort : en 2023, des procureurs avaient révélé que des sacs de luxe fabriqués pour Dior et Armani étaient cousus dans des ateliers illégaux où des immigrés en situation irrégulière travaillaient pour une fraction du prix final de vente. Plus récemment encore, une filiale de Valentino a été placée sous tutelle judiciaire, à la suite d’abus similaires.
Pour sortir de cette logique de scandale-réaction, le tribunal de Milan a proposé un cadre proactif. Le protocole d’accord signé cette semaine prévoit la création d’une base de données recensant les fournisseurs des marques de mode et les conditions de travail dans leurs ateliers. Ces entreprises seront invitées à y inscrire leurs données – conformité fiscale, respect des droits du travail, cotisations sociales – et à les actualiser au moins deux fois par an.
Même si cette démarche reste volontaire, les marques s’engagent à promouvoir l’adhésion de leurs sous-traitants à la plateforme. Celles qui joueront le jeu pourront recevoir un certificat de transparence délivré par la région de Lombardie, valable six mois et renouvelable.
Fabio Roia, président du tribunal de Milan, a exprimé son espoir que cette nouvelle gouvernance permette de prévenir les abus en amont : « L’objectif est que la justice n’ait plus besoin d’intervenir. »
Avec fashionnetwork.com