Le Maroc franchit une nouvelle étape majeure dans le renforcement de sa position sur le marché volontaire du carbone avec la création officielle d’un cluster dédié, baptisé « Green Assets Cluster ». L’annonce a été faite le 8 juillet 2025 à Casablanca, lors de la deuxième édition de la conférence « Scaling of Carbon Markets in Africa », organisée conjointement par Casablanca Finance City Authority (CFCA) et la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), en partenariat avec la coopération allemande GIZ.
Ce cluster se veut le noyau d’un écosystème national, voire continental, structurant autour des crédits carbone, avec pour objectif de valoriser les immenses ressources naturelles africaines tout en répondant aux engagements climatiques internationaux. Plus qu’un simple mécanisme de compensation, ce marché du carbone, selon Khalid Safir, Directeur général du Groupe CDG, doit devenir un véritable levier stratégique de financement climatique, capable de soutenir la transition énergétique, l’agriculture durable et la reforestation. Dans un contexte où les budgets publics demeurent insuffisants face aux défis environnementaux, ce mécanisme offre une source de financement additionnelle, orientée vers des projets verts à fort impact.
Ce positionnement a été renforcé lors de la récente conférence de Séville sur le financement du développement, où le marché carbone a été identifié comme un outil clé pour canaliser les ressources vers une économie bas carbone.
Du côté de Casablanca Finance City Authority, Saïd Ibrahimi, son président directeur général, a souligné que cette initiative s’inscrit dans la feuille de route stratégique à horizon 2030, qui vise à faire de Casablanca un hub continental de la finance durable. Il a rappelé la signature d’un mémorandum d’entente avec le Groupe CDG en septembre 2024, et a présenté cette conférence comme une étape cruciale rassemblant acteurs publics et privés pour partager savoir-faire, identifier leviers et stimuler à la fois l’offre et la demande sur ce marché.
Le Maroc entend ainsi jouer un rôle central dans un continent africain riche de ses ressources naturelles, mais encore sous-exploité dans ce domaine. Avec un potentiel estimé à 1,5 gigatonne de crédits carbone annuels, l’Afrique pourrait représenter jusqu’à un tiers de l’offre mondiale. Pourtant, à ce jour, elle ne contribue qu’à 11 % des crédits émis et seulement 2 % de la valeur financière du marché global.
Le défi est clair : « il ne tient qu’à nous de concrétiser ce potentiel », a insisté Saïd Ibrahimi, qui appelle à une montée en puissance rapide, structurée et appropriée à l’échelle régionale. Cette dynamique s’inscrit dans un contexte international où la finance verte s’impose comme un levier stratégique pour accompagner la transition écologique.
Le lancement du Green Assets Cluster illustre la volonté du Maroc de bâtir un marché carbone crédible, équitable et aligné sur les standards internationaux, notamment ceux du CORSIA (mécanisme de compensation carbone dans l’aviation) et de l’Article 6 de l’Accord de Paris. En affirmant son ambition, le Royaume confirme sa place de leader en Afrique dans la structuration d’une économie climatique intégrée, tournée vers l’avenir.