La troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC3) qui s’est ouverte, lundi à Nice, rassemble le gotha mondial pour tenter d’accélérer la mise en œuvre de l’Objectif de Développement Durable 14, consacré à la conservation et à l’utilisation durable des océans et de leurs ressources, alors que l’urgence environnementale impose des réponses coordonnées et ambitieuses.
Réunissant chefs d’État, experts, institutions financières, ONG et acteurs du secteur maritime pour impulser des solutions face aux menaces qui pèsent sur les océans, cette conférence s’inscrit dans le cadre de l’Agenda 2030 des Nations Unies. Au cœur des débats figurent notamment la lutte contre la pollution plastique, la surpêche, l’acidification des océans et les effets du changement climatique.
L’UNOC3 se positionne ainsi comme un rendez-vous stratégique pour renforcer la gouvernance mondiale des océans, favoriser les coopérations internationales, impulser des solutions concrètes face aux crises climatiques, écologiques et économiques et promouvoir des engagements concrets pour la biodiversité marine.
L’océan, enjeu global au cœur des crises environnementales et socio-économiques
Ce sommet planétaire, le troisième du genre après les éditions de New York en 2017 et de Lisbonne en 2022, vise à permettre aux décideurs politiques, experts et acteurs de divers horizons d’affronter ensemble les défis cruciaux qui pèsent sur les océans, véritables poumons bleus de la planète.
L’océan couvre plus de 70 % de la surface terrestre et concentre 97 % des ressources en eau de la planète. Il joue un rôle vital dans la régulation du climat en absorbant environ 90 % de l’excès de chaleur induit par les gaz à effet de serre depuis l’ère préindustrielle, selon des données présentées à l’occasion de cette conférence.
Par ailleurs, plus de 3 milliards de personnes dépendent directement de l’océan pour leur alimentation, leur emploi et leur subsistance, soulignant ainsi son importance vitale.
Mais cette ressource est aujourd’hui menacée par plusieurs phénomènes inquiétants, comme l’acidité des océans, qui a augmenté de 30 % depuis l’ère préindustrielle, avec un possible bond à 170 % d’ici 2100. Les températures océaniques ont atteint des niveaux records en 2023 et 2024, aggravant ces tendances.
À cela s’ajoute une élévation croissante du niveau des mers, passé de 1,3 mm à 3,7 mm par an entre 1901 et 2018. Cette tendance devrait se poursuivre, avec des estimations allant de 30 à 110 cm d’ici 2100 selon les différents scénarios climatiques.
Des écosystèmes marins en danger : la biodiversité marine gravement affectée
Environ la moitié des récifs coralliens vivants ont disparu depuis les années 1870, une destruction qui s’accélère sous l’effet du réchauffement climatique. Une hausse globale de 2 °C entraînerait la disparition de 99 % des coraux, mettant en péril des habitats essentiels à la biodiversité marine.
Les aires marines protégées abritent aujourd’hui 72 % des 1.500 espèces marines menacées répertoriées par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). On estime qu’un tiers des requins, raies et chimères sont actuellement menacés, principalement en raison de la surpêche.
Une économie bleue en croissance, mais sous pression
L’économie liée à l’océan représente un levier majeur pour le développement durable, mais elle subit aussi de fortes pressions. La production mondiale de pêche et d’aquaculture a atteint un record de 223,2 millions de tonnes en 2022, dont 92,3 millions pour la pêche maritime, d’autant plus que le secteur emploie 61,8 millions de personnes dans le monde, selon la même source.
La valeur des exportations mondiales de produits aquatiques animaux a atteint 195 milliards de dollars en 2022, tandis que la consommation mondiale moyenne s’élève à 20,7 kg par habitant.
Cependant, 37,3 % des stocks de poissons marins sont surexploités, et la pêche illicite représenterait entre 10 et 26 millions de tonnes par an, soit jusqu’à 19 % des captures mondiales.
Quant à lui, le transport maritime, qui assure 80 % du volume des échanges mondiaux, reste énergétiquement efficace (20 fois mieux que le transport routier), mais génère néanmoins 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, en hausse de 20 % sur la dernière décennie, d’après les données publiées à l’occasion de la conférence.
Bien que l’économie bleue génère une valeur ajoutée annuelle estimée à 1.500 milliards de dollars, l’ODD 14 relatif aux océans demeure l’un des moins financés de l’Agenda 2030, déplore-t-on, notant cependant que des solutions innovantes émergent: énergies marines renouvelables (comme l’éolien offshore ou l’hydrolien), biotechnologies marines, digitalisation de la surveillance océanique… autant de pistes porteuses pour concilier croissance bleue et durabilité.
Un programme ambitieux pour des engagements concrets
En marge de l’UNOC3, les organisateurs, conscients des spécificités propres à chaque territoire, prévoient une multitude d’événements parallèles pour approfondir les stratégies adaptées.
Le programme comprend notamment le Sommet Afrique pour l’Océan, co-présidé par le Maroc et la France, réunissant États africains et institutions financières autour de la gestion durable des ressources marines et du développement des infrastructures.
Un Forum mondial des îles insulaires et le Sommet Méditerranée connectée, dédié à la connectivité maritime, terrestre et énergétique, sont également prévus.
La conférence sera enfin marquée par le lancement de projets phares, l’annonce d’engagements internationaux pour la préservation des aires marines, et la signature d’accords de coopération pour renforcer la prévision océanique et la gouvernance digitale des océans.
Co-organisée par la France et le Costa Rica, sous les auspices des Nations Unies, cette conférence se tient sous le thème « Accélérer l’action et mobiliser tous les acteurs pour conserver et utiliser durablement l’océan ».
MAP Ecology