Présidant de façon symbolique les travaux du « Ibrahim Governance Weekend » à Marrakech, le roi Mohammed VI a livré un message fort sur les voies de transformation économique de l’Afrique. Face aux défis persistants du financement, le Souverain a exposé quatre priorités pour permettre au continent de prendre en main son destin et bâtir un avenir prospère.
Un nouveau modèle de financement africain
Le Roi appelle à rompre avec la dépendance excessive aux aides publiques au développement et aux financements extérieurs, souvent synonymes d’endettement. Il insiste sur l’importance de mobiliser les ressources internes, notamment en mettant à contribution les transferts de la diaspora, en modernisant les systèmes fiscaux et en introduisant des mécanismes de financement innovants. Une telle autonomie financière est une condition essentielle à toute réforme durable.
Des institutions solides pour favoriser l’investissement
La création d’un environnement favorable aux affaires est une autre priorité identifiée. Cela passe par une gouvernance transparente, la moralisation de la justice, la lutte contre la corruption et la protection des investisseurs. L’objectif : renforcer la confiance, stimuler l’entrepreneuriat, et faire de la croissance économique un levier d’inclusion sociale.
Accélérer l’intégration économique intra-africaine
Le Roi insiste également sur l’urgence d’intensifier les échanges entre pays africains, qui restent faibles comparés à d’autres régions du monde. La Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) est perçue comme un outil stratégique pour promouvoir l’industrialisation, renforcer la résilience des économies africaines et stimuler leur attractivité pour les investissements.
Transformer les ressources naturelles localement
Le continent, richement doté en matières premières, ne peut plus se contenter d’exporter ses ressources à l’état brut. Le Roi plaide pour une industrialisation fondée sur la transformation locale et la création de chaînes de valeur régionales. Ce virage est indispensable pour générer davantage de revenus, créer des emplois et financer les ambitions de développement du continent.
Le Maroc comme catalyseur régional
Dans ce contexte, le Maroc entend jouer un rôle de trait d’union entre les régions africaines et les partenaires du Sud. Des projets comme le Gazoduc Atlantique ou l’Initiative Atlantique en faveur des pays du Sahel illustrent cette volonté d’intégration et de co-développement. Le Royaume met également en avant son expertise dans les énergies renouvelables, l’agriculture durable ou les infrastructures pour nourrir des synergies continentales.
Sur le plan financier, le Maroc a mis en place des leviers structurants, à l’image du Fonds Mohammed VI pour l’Investissement et de Casablanca Finance City, désormais positionnée comme un hub régional de capitaux.
Un appel à la réforme du système financier international
Le message royal dénonce aussi les taux d’intérêt prohibitifs imposés à l’Afrique sur les marchés financiers et réclame un accès équitable aux financements concessionnels. Il appelle à renforcer le rôle des institutions financières régionales et à garantir une meilleure représentation du continent dans les instances de gouvernance mondiale. La réforme de l’architecture financière internationale, encore dominée par les pays du Nord, est jugée urgente et nécessaire.
À l’approche de l’échéance 2030 des Objectifs de Développement Durable, le roi Mohammed VI insiste sur l’importance d’inscrire le financement de l’Afrique au cœur de l’agenda international. La Conférence de Séville à la fin du mois représente, selon lui, une occasion pour porter ces revendications avec force.