Le géant britannique de l’énergie Xlinks a annoncé la suspension temporaire de son projet ambitieux de liaison électrique sous-marine entre le Maroc et le Royaume-Uni. Cette pause intervient alors que le gouvernement britannique retarde sa décision sur un contrat déterminant pour la viabilité économique de l’initiative.
Long de près de 3 900 kilomètres, ce câble électrique doit relier la région sud-marocaine de Guelmim-Oued Noun à plusieurs pays européens avant d’atteindre la Grande-Bretagne. Il est censé alimenter neuf millions de foyers britanniques en énergie renouvelable et contribuer à réduire de 10 % les émissions de CO2 du secteur énergétique britannique.
Un contrat de différence au cœur des débats
La cause principale de cette mise en pause réside dans l’attente d’une réponse du département britannique de l’Énergie concernant un « contrat pour la différence » (CfD). Ce mécanisme financier garantit un prix fixe de rachat de l’électricité produite, stabilisant ainsi le modèle économique du projet.
Dans une lettre adressée aux autorités britanniques, Xlinks explique que cette pause du processus d’autorisation ne constitue pas une suspension définitive, mais une étape visant à éviter un décalage entre les différentes phases d’évaluation. Ce délai permettrait un examen plus rigoureux du dossier et assurerait une reprise efficace du processus dès l’obtention du contrat attendu.
Un projet stratégique mais fragile face à l’instabilité politique
Depuis sa désignation comme « projet d’importance nationale » par Londres en 2023, Xlinks a suscité de grands espoirs pour renforcer la sécurité énergétique du Royaume-Uni. Son président, Dave Lewis, a estimé que ce projet pourrait attirer jusqu’à 24 milliards de livres d’investissements, dont environ 5 milliards sur le sol britannique.
Cependant, la succession rapide de cinq ministres de l’Énergie en moins de trois ans et les négociations au ralenti autour du CfD ont mis en péril la confiance des investisseurs. Sans ce cadre contractuel clair, les partenaires financiers hésitent à engager les fonds nécessaires.
Menace de repli vers d’autres marchés
Face à ces incertitudes, Xlinks n’exclut plus de reporter ses ambitions vers d’autres pays, notamment l’Allemagne, qui s’intéresse également aux vastes ressources marocaines en énergies renouvelables. Parallèlement, d’autres acteurs comme le groupe australien Fortescue envisagent des projets similaires, visant à connecter l’Afrique du Nord au réseau électrique européen.
Ce contexte fait peser une pression supplémentaire sur le gouvernement britannique pour clarifier rapidement sa position, sous peine de perdre un projet phare capable de transformer durablement son paysage énergétique.