Le projet ambitieux de gazoduc entre le Nigeria et le Maroc franchit un nouveau cap. Les deux pays viennent d’officialiser la création d’une coentreprise chargée de superviser la réalisation de cette infrastructure géante, estimée à 25 milliards de dollars, a annoncé Leïla Benali, ministre marocaine de la Transition énergétique.
Un projet entré en phase active
Devant les parlementaires, la ministre a confirmé que le gazoduc, long de 5 300 kilomètres, avait désormais un tracé définitif. Les études techniques et de faisabilité sont bouclées, marquant ainsi le passage à la phase opérationnelle du chantier. Dans la foulée, le Maroc prévoit l’installation d’une unité flottante de regazéification (FSRU) dans le port de Nador, en Méditerranée. Les appels d’offres pour sa construction seront bientôt lancés.
L’infrastructure permettra d’acheminer près de 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an, depuis les gisements nigérians jusqu’au nord du Maroc, avant un raccordement vers les marchés européens.
Un axe énergétique stratégique pour l’Afrique de l’Ouest
Ce gazoduc, né d’un accord signé en 2017 entre Rabat et Abuja, traversera une dizaine de pays, parmi lesquels le Bénin, le Togo, le Ghana, la Sierra Leone, la Guinée et le Sénégal. En plus de sécuriser l’approvisionnement en gaz, il ambitionne de structurer un corridor énergétique régional et de stimuler la coopération sud-sud.
Financements en quête d’équilibre
Malgré son potentiel stratégique, le projet peine encore à susciter l’engagement financier de l’Europe. En 2024, plusieurs rapports suggéraient que le Maroc et le Nigeria pourraient se tourner vers les pays du Golfe pour mobiliser les fonds nécessaires. Une réticence européenne que certains expliquent par le virage technologique du Vieux Continent en faveur de l’hydrogène vert, considéré comme une énergie d’avenir.