Alors que l’Europe cherche de nouveaux leviers pour assurer sa transition énergétique, l’Italie se tourne résolument vers le Maroc. La coopération bilatérale en matière d’énergie propre, notamment autour de l’hydrogène vert, entre dans une nouvelle phase prometteuse, avec plusieurs projets et visites de haut niveau à l’agenda.
Vers un nouveau cap dans la coopération énergétique
Profitant de la troisième conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc) à Nice, les responsables italiens ont échangé avec la délégation marocaine pour renforcer leur collaboration dans le domaine du développement durable et des énergies renouvelables. Une délégation italienne est attendue à Rabat en juillet afin de poser les bases d’un nouveau partenariat stratégique. Une visite officielle de Giorgia Meloni, présidente du Conseil des ministres italien, est également en préparation, avec à la clé un forum d’affaires bilatéral.
Ces échanges s’inscrivent dans la continuité du Sommet “Italie-Afrique” tenu à Rome en janvier 2024, lors duquel le chef du gouvernement Aziz Akhannouch avait souligné l’importance de renforcer les relations Maroc-Italie, notamment dans les secteurs d’avenir comme les énergies renouvelables.
L’hydrogène vert, un axe clé du rapprochement
Le projet phare au cœur de cette dynamique est l’hydrogène vert. L’Italie, via sa députée Debora Serracchiani, a récemment validé une motion visant à renforcer la logistique entre le Maroc et le port de Trieste, dans le cadre du Plan Mattei. Objectif : faire du Royaume un maillon central du corridor vert méditerranéen, en synergie avec la Croatie et la Slovénie.
L’intérêt est d’autant plus fort que le Maroc a lancé en mars 2024 la mise en œuvre de son Offre nationale sur l’hydrogène vert, sous l’impulsion des Hautes Directives Royales. Cette stratégie, saluée à l’international, s’appuie sur les atouts du Maroc : ensoleillement, espace, infrastructures portuaires, proximité de l’Europe.
Des projets massifs et des investisseurs de poids
Aujourd’hui, six projets d’envergure ont été validés pour un investissement global de 319 milliards de dirhams, confiés à des consortiums internationaux leaders. Parmi eux figurent Ortus (USA), Acciona (Espagne), Nordex (Allemagne), Taqa (Émirats), Cepsa (Espagne), Nareva (Maroc), ACWA Power (Arabie Saoudite) et les chinois UEG et China Three Gorges. L’enjeu : produire de l’ammoniac vert, du carburant industriel et même de l’acier vert.
L’Italie, encore absente de cette première vague, pourrait rapidement rejoindre le peloton, grâce à son expertise et à ses ambitions industrielles dans les technologies vertes.
Financement vert : un levier stratégique
Sur le plan financier, les relations se resserrent aussi. L’assureur public italien SACE vient de conclure avec le Groupe OCP un financement vert de 365 millions d’euros. C’est la première opération de ce type au Maroc, dans le cadre de la stratégie Push Strategy de SACE, qui vise à soutenir les exportations italiennes vers des marchés stratégiques comme le Maroc.
Ce financement, salué par l’ambassadeur d’Italie à Rabat, vient consolider les échanges économiques entre les deux pays, tout en donnant un coup d’accélérateur à la transition verte du leader mondial des engrais phosphatés.
Source ALM