Lancée en 2016 avec l’ambition de réduire de 20 % la consommation d’énergie à l’horizon 2030, la stratégie nationale d’efficacité énergétique marque le pas. Huit ans après son démarrage, les résultats obtenus restent modestes et en décalage avec les objectifs fixés.
Selon les dernières données, l’intensité énergétique – c’est-à-dire la quantité d’énergie nécessaire pour produire un million de dirhams de PIB – a baissé de seulement 6,3 % entre 2016 et 2023. Une amélioration, certes, mais encore loin de la trajectoire visée. Dans un contexte de croissance économique soutenue, la consommation globale d’énergie continue, elle, d’augmenter, ce qui masque en partie les progrès réalisés.
Pour Mohamed Benyahia, directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE), la lecture du bilan doit se faire à l’aune de l’intensité énergétique, et non de la seule consommation brute. Une économie en développement structurel est, par nature, plus énergivore, mais peut aussi gagner en efficience dans l’utilisation de ses ressources.
Un chantier à renforcer sur plusieurs fronts
Pour accélérer le mouvement, les autorités comptent élargir l’accès au financement, diffuser les bonnes pratiques dans les régions, soutenir les secteurs en retard et, surtout, ancrer une culture de la sobriété énergétique. L’objectif : faire de l’efficacité énergétique un réflexe collectif, dépassant les seuls cercles d’experts.
Les efforts se concentrent également sur l’amélioration du mix énergétique. En réduisant la dépendance aux énergies fossiles et en promouvant les énergies renouvelables – solaire, éolien et stockage hydraulique –, le Maroc avance vers une production plus propre. Le développement du stockage, en particulier via la baisse des coûts des batteries, devient un levier clé pour stabiliser une production intermittente et optimiser la consommation.
Un écosystème en construction
Le pays peut aujourd’hui s’appuyer sur une vingtaine de structures d’audit énergétique et sur trois ESCO (sociétés de services énergétiques) : celles de la CDG, d’Attijariwafa bank et la SIE, société publique spécialisée. Ces acteurs jouent un rôle central : les auditeurs identifient les pistes de réduction de la consommation, tandis que les ESCO financent et mettent en œuvre les solutions proposées, en se rémunérant sur les économies générées.
Malgré ces dispositifs, les résultats montrent que la dynamique doit être renforcée sur tous les plans : ingénierie, réglementation, financement et sensibilisation du public. La transition vers une économie moins énergivore reste encore un chantier à consolider si le Maroc veut atteindre son ambition de 2030.
Avec L’Economiste