Le Maroc vient de franchir un cap majeur dans sa transition énergétique. Le 10 juin à Nice, en marge de la Journée méditerranéenne de la Conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC3), le Royaume a annoncé le lancement d’un ambitieux parc éolien offshore de 1 000 mégawatts au large d’Essaouira, avec une mise en service prévue à l’horizon 2029.
Ce projet inédit s’inscrit dans la stratégie nationale visant à porter la part des énergies renouvelables à plus de 52 % du mix électrique d’ici 2030. Il s’agit du tout premier parc éolien maritime du pays, et l’un des projets phares soutenus par le tout nouveau Partenariat Bleu Méditerranéen (PBM), un fonds multi-donateurs dédié au développement d’une économie bleue durable dans le sud de la Méditerranée et la mer Rouge.
Une dynamique industrielle et territoriale
Outre ses bénéfices écologiques, le projet promet un fort impact économique local. La phase de construction devrait générer plusieurs milliers d’emplois, directs et indirects, en dynamisant des filières telles que la construction navale, la logistique portuaire ou encore la maintenance industrielle. À long terme, il participera à réduire la dépendance énergétique du Maroc, à stabiliser le coût de l’électricité et à renforcer la compétitivité des entreprises.
L’initiative ouvre également des perspectives d’exportation d’électricité verte vers l’Europe, à un moment où le continent intensifie sa transition énergétique. Essaouira pourrait ainsi se transformer en un pôle stratégique d’échanges énergétiques euro-méditerranéens.
Un leadership régional renforcé
Le Maroc confirme ainsi sa position d’acteur central de l’économie bleue en Méditerranée, dans le sillage de ses précédents succès en matière de renouvelables, comme le complexe solaire Noor à Ouarzazate ou les parcs éoliens terrestres du Sud. Cette trajectoire renforce sa diplomatie climatique et son attractivité auprès des bailleurs de fonds internationaux, notamment dans le cadre du Green Deal européen.
Grâce à une gouvernance stable et à une vision claire de développement durable, le Royaume s’impose aujourd’hui comme une référence parmi les pays du Sud. Il bénéficie d’un accès facilité aux financements verts, comme en témoigne l’engagement récent de l’Espagne, qui a contribué à hauteur de 8,5 millions d’euros au PBM. Le fonds totalise désormais 22 millions d’euros, avec des apports également en provenance de la France, de l’Allemagne, de la Suède et de l’Union européenne.
Une ambition régionale partagée
Parmi les trois projets soutenus dans cette première phase, le parc d’Essaouira côtoie une initiative de restauration corallienne en Jordanie et la construction d’une station d’épuration en Égypte. Ensemble, ils démontrent qu’un modèle de développement durable, inclusif et coopératif est possible dans la région, en conjuguant innovation, volonté politique et mécanismes de financement adaptés.
Membre actif de l’Union pour la Méditerranée (UpM), le Maroc participe pleinement aux grands chantiers de la décarbonation, de la protection de la biodiversité marine, du tourisme durable et de la croissance bleue.
Avec plus de 500 millions d’euros mobilisés pour 250 projets depuis 2015, l’économie bleue s’affirme comme un levier majeur de coopération régionale. Le parc éolien d’Essaouira, par son ampleur et sa portée symbolique, incarne cette ambition partagée d’une Méditerranée plus verte, plus intégrée et résiliente.