Par David KERNANEC
La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) vise à identifier et à gérer les impacts de leurs modèles économiques sur leurs écosystèmes. Sa finalité, outre d’assurer la soutenabilité des modèles, est de maintenir la confiance de leurs parties prenantes. Dit autrement, la RSE vise à développer le capital social de l’entreprise tout en guidant ses transformations.
Ainsi, la RSE est élément actif de la gestion des entreprises qui vise à structurer l’ensemble de la politique générale des entreprises. Les secteurs de la banque et de l’assurance ne font pas exception. Mieux, il est attendu de ces dernières exemplarité et transparence dans la conduite de leurs affaires et dans la gestion de leurs impacts : choix d’investissement, de financement, couverture des risques, impacts sociaux, sociétaux et environnementaux…
Faire que la réalisation de la stratégie RSE devienne le quotidien de chacun
Aussi, et au-delà de la mise en œuvre d’un reporting sincère de leur performance extrafinancière (dans le cadre notamment de la CSRD), les entreprises devront opérer des transformations opérationnelles conséquentes.
Cette nécessité concerne tant le fonctionnement de l’entreprise au sens le plus large que son attractivité aux yeux de ses clients et de ses collaborateurs actuels et futurs :
- Une étude de Deloitte (2024 : Gen Z and Millennial Survey 2024) a montré que 77% des Millennials s’attendent à ce que leur employeur prenne des mesures pour résoudre les problèmes sociaux et environnementaux.
- 68% des consommateurs français seraient prêts à consommer davantage auprès d’une entreprise engagée en matière de RSE (Kantar 2024).
La RSE devient un investissement vital et stratégique. Nous tenons pour preuve de nombreuses études démontrant que les entreprises qui s’engagent activement dans la RSE ont tendance à surpasser leurs pairs sur le long terme en termes de performance financière.
Comment éviter l’effet « montagne » ? Par où commencer sans s’y perdre ?
1- Un engagement résolu de la Direction
L’implication des dirigeants est cruciale à plusieurs titres : accélérer la mise en place de la culture RSE, prendre les décisions parfois clivantes pour être RSE sur toute la chaine de la valeur, inciter les directions métiers à développer des offres durables, transformer les process et les politiques d’achats, faire adhérer par l’exemple. La RSE peut être certes portée par tous mais sa bonne diffusion requiert une volonté et d’une exemplarité forte du top management.
Un exemple emblématique et historique d’engagement de dirigeants est celui de Triodos. Peter Blom (ancien PDG de Triodos Bank) été un pionnier de la finance durable et a largement contribué à faire connaître Triodos Bank comme une référence en matière de banque éthique.
Pourquoi c’est efficace ? L’engagement de la direction donne le signal fort que la RSE est une priorité stratégique et encourage l’ensemble des collaborateurs à s’y investir.
2- Doter l’entreprise d’une direction RSE « business partner »
Pour être menée à bien, La stratégie RSE doit être incarnée et pilotée avec un mandat clair et des équipes décentralisées, compétentes et outillées.
Plus la transformation sera effective, plus elle impactera le quotidien des métiers qui remonteront des interrogations quant aux discours à tenir auprès des parties prenantes, voire des dilemmes qu’il faudra trancher. Un exemple : tel investissement dispose d’un ROI élevé, mais a des impacts délétères sur l’environnement. Quel arbitrage rendre ?
Nous le voyons, la mise en œuvre de la politique RSE sera impliquante et créative. Elle devra également s’appuyer sur des nouvelles modalités de co-production, de co-innovation et de co-responsabilité avec les parties prenantes.
3- Des programmes de formation et sensibilisation des personnels
Qu’est-ce que faire du « bon travail » en intégrant la RSE ?
Impliquer vos employés est crucial pour le succès de votre gouvernance RSE. La réussite de votre démarche RSE repose sur l’engagement de tous les collaborateurs. Il est essentiel de les informer, de les former et de leur donner les moyens d’agir. Des initiatives comme la création d’un comité RSE, la mise en place d’actions de volontariat ou encore la promotion de la diversité peuvent être très efficaces.
Vous pouvez vous inspirez d’initiatives suivantes :
- Mettre en place une « Fresque du climat » : un atelier collaboratif et créatif qui a pour objectif de sensibiliser aux enjeux du changement climatique. Le principe est simple et repose sur une construction collective avec des cartes pour reconstituer les mécanismes du changement climatique, en partant des causes (émissions de gaz à effet de serre) jusqu’aux conséquences (montée des eaux, événements météorologiques extrêmes). Pour la mettre en place rien de plus simple que de fédérer une communauté d’ambassadeurs qui seront les animateurs RSE au plus près de vos équipes.
- Suivre l’exemple d’un assureur français qui a créé plus de 200 modules thématiques et les met à disposition de grands groupes (pas seulement ceux du secteur assuranciel). Ainsi chaque entreprise peut composer LE parcours idéal pour ses collaborateurs en mixant les interviews d’experts, les podcasts, les vidéos, les articles,….
- Fédérer et animer une communauté d’ambassadeurs comme dans une grande banque française où ces référents de la direction sur les sujets sociétaux liés à la RSE portent en proximité les engagements RSE et sont les correspondants privilégiés des collaborateurs de l’entreprise dans toutes les entités et sur tout le territoire.
4- Une communication transparente et authentique
La communication est un élément clé de la RSE. Elle permet de donner du sens aux actions menées, de renforcer la réputation de l’entreprise et de mobiliser les parties prenantes.
Qu’est-ce qu’une bonne com’ ?
C’est celle où vous communiquez manière transparente, en mettant en avant les résultats obtenus et en étant honnête sur les difficultés rencontrées. Vous pouvez aussi publier des rapports réguliers qui détaillent vos initiatives, vos progrès et vos défis. Cela renforce la confiance des parties prenantes et montre votre engagement envers la responsabilité sociétale.
Vous pouvez vous aider des bonnes pratiques présentées par l’ADEME. Le site de la communication responsable traite de l’importance, des défis et des avantages de la communication responsable. Il aborde aussi le risque du greenwashing, c’est-à-dire de communiquer de manière trompeuse sur ses pratiques écologiques, est une menace sérieuse pour la réputation des marques, et propose des méthodologies.
Une dernière reco pour mettre en place une culture RSE ?
Surtout parce qu’être éthique et responsable va devenir obligatoire pour beaucoup d’établissements bancaires et d’assurance.
En 2024, la réglementation européenne dans le secteur bancaire et assurantiel se renforce, imposant des standards plus élevés en matière de transparence, de durabilité et de responsabilité. Cette évolution représente une opportunité majeure pour les institutions financières de se positionner comme des acteurs responsables et engagés. Cependant, l’absence de retour sur investissement (ROI) soulève des interrogations quant à la viabilité de ces initiatives à long terme. Un autre point et non des moindres : L’obligation légale de mettre en place un plan de vigilance inscrit dans le code du commerce à l’article L. 225-102-4. Les premières décisions de justice françaises sur cette question ont été rendues, avec une première condamnation d’entreprise en décembre 2023. L’entreprise a été condamnée par la justice à compléter son plan de vigilance par une cartographie des risques et par un mécanisme d’alerte.
David KERNANEC : Senior consultant chez Orange Consulting
25 ans dans le conseil dans les transformations liées aux technologies et à la RSE. La Stratégie numérique responsable, les transitions de modèle économique, la construction d’une direction RSE, la Green IT,… sont des domaines d’expertise que je partage au quotidien.
Source: orange-business.com