Alors que l’Europe progresse dans la lutte contre le changement climatique, certaines régions restent en proie à des défis environnementaux majeurs. Parmi elles, les Balkans occidentaux, composés notamment de l’Albanie, nécessitent des actions plus vigoureuses pour garantir leur stabilité et sécurité. L’air de cette région figure parmi les plus pollués d’Europe, entraînant des conséquences humaines et économiques significatives.
Un air irrespirable, symptôme d’une crise sanitaire et environnementale
En Albanie, la pollution atmosphérique constitue un problème de santé publique alarmant. Le pays se classe parmi les plus touchés en Europe, avec des niveaux de particules fines (PM2,5 et PM10) largement supérieurs aux normes fixées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). À Tirana, par exemple, les concentrations de PM10 dépassent trois fois la moyenne européenne, réduisant l’espérance de vie des habitants de deux ans.
Les sources de cette pollution sont multiples : un parc automobile vieillissant, des infrastructures de transport en commun insuffisantes et des émissions industrielles importantes. L’héritage socialiste, marqué par un faible accès aux voitures, a laissé place à une adoption massive de véhicules, souvent anciens et très polluants. De plus, les émissions transfrontalières aggravent la situation, les centrales au charbon des pays voisins émettant bien au-delà des normes européennes.
Une gestion des déchets sous les feux des critiques
L’Albanie est également confrontée à une problématique chronique de gestion des déchets, exacerbée depuis l’effondrement du régime socialiste. L’importation de déchets étrangers, légalisée depuis 2003, a alimenté une industrie locale de recyclage, mais cette pratique divise profondément. Si certains défendent son maintien pour des raisons économiques, les militants écologistes dénoncent un paradoxe : le pays peine déjà à gérer ses propres déchets, avec des taux de recyclage bas et des dépotoirs sauvages omniprésents.
Le récent projet de loi visant à réglementer cette pratique, sans pour autant y mettre fin, suscite de vifs débats. Les usines de recyclage, fonctionnant souvent en sous-capacité, réclament davantage de déchets pour soutenir leur activité. En parallèle, les écologistes appellent à des solutions locales et durables, prônant une économie circulaire plutôt que des méthodes d’incinération, sources de pollution supplémentaire.
Un défi environnemental pour l’adhésion à l’UE
Candidat officiel à l’Union européenne depuis 2014, l’Albanie doit aligner ses politiques sur les normes environnementales européennes. Les plans stratégiques, comme l’Agenda vert pour les Balkans, témoignent d’une volonté d’évolution, mais les efforts à fournir restent considérables. La gestion des déchets, la qualité de l’air et la préservation de la biodiversité figurent parmi les priorités pour espérer intégrer l’UE.
Face à ces défis multiples, l’Albanie devra adopter une approche globale, associant réformes structurelles et sensibilisation de la population, pour surmonter cette crise et renforcer sa candidature européenne.
Source: perspective.usherbrooke.ca