La décarbonation, une priorité mondiale, est désormais sur toutes les lèvres, notamment après le rapport du GIEC qui alerte sur la nécessité urgente de décarboner nos économies pour éviter des points de bascule irréversibles. Le Maroc, conscient des enjeux climatiques et économiques, a déjà mis en place plusieurs initiatives pour amorcer sa transition énergétique et se préparer à un avenir décarboné.
Un plan énergétique ambitieux
Depuis 2009, le Maroc a lancé un plan ambitieux visant à renforcer sa position dans le domaine des énergies renouvelables, notamment à travers des projets éoliens et solaires. Le pays a créé des feuilles de route accompagnées de réformes législatives et réglementaires, telles que la loi n°13-09 qui ouvre le marché de l’électricité renouvelable au secteur privé. Ce cadre législatif a permis au Maroc de devenir un leader en matière d’énergies renouvelables en Afrique du Nord, avec un objectif de 50% d’énergie renouvelable à l’horizon 2030.
Taxe carbone : une initiative à l’horizon 2026
Dans le cadre de sa politique fiscale, le Maroc a prévu l’introduction d’une taxe carbone dès 2026. Cette mesure vise à réduire les émissions de CO2 tout en incitant les entreprises à adopter des énergies plus propres. Selon Faouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, l’objectif n’est pas de créer une nouvelle taxe, mais de conditionner le choix de l’énergie utilisée dans le secteur industriel. Toutefois, des défis subsistent, notamment concernant la reconnaissance de la tonne de carbone économisée, ce qui empêcherait le pays de profiter du marché d’échange de carbone européen.
La compétitivité grâce à la décarbonation
Le passage à des énergies vertes permet aux industriels marocains de gagner en compétitivité. Par exemple, Sonasid, une entreprise sidérurgique marocaine, utilise 85% d’énergie verte pour produire son acier. Selon Ismail Akalay, DG de Sonasid, la production d’acier vert deviendra un véritable avantage compétitif sur les marchés internationaux, notamment en Europe et en Amérique du Nord. L’influence de la décarbonation sur les coûts de production est évidente, permettant aux industriels de réduire les coûts de production d’au moins 50%.
Un levier de compétitivité pour l’industrie marocaine
La décarbonation ne profite pas seulement à l’environnement. Elle constitue également un levier stratégique pour le secteur industriel, avec des réductions significatives des coûts énergétiques et une meilleure compétitivité des produits marocains sur les marchés mondiaux. La transition énergétique et la mise en place de solutions renouvelables ont déjà permis une baisse du prix du kilowattheure photovoltaïque, rendant ainsi ces solutions plus accessibles et compétitives. De plus, la décarbonation ouvre des perspectives d’investissements dans des secteurs clés tels que l’industrie métallurgique, plastique, agroalimentaire et automobile.
Le secteur maritime : vers une décarbonation nécessaire
Le secteur maritime est également une cible clé de la décarbonation. L’Organisation Maritime Internationale (OMI) a déjà fixé des objectifs de décarbonation pour les ports mondiaux, incitant à l’adoption de carburants écologiques tels que le bio-GNL, hydrogène ou méthanol. Les ports marocains, conscients de cette dynamique, doivent s’adapter aux nouvelles normes environnementales pour rester compétitifs sur le plan international.
Avec Challenge