La panne électrique survenue fin avril sur la péninsule Ibérique n’a pas seulement plongé l’Espagne, le Portugal et le sud de la France dans le noir ; elle a également mis en évidence des vulnérabilités inquiétantes qui dépassent les frontières. Bien que le Maroc n’ait pas subi d’interruption électrique, les conséquences se sont fait sentir via des perturbations dans l’accès à Internet, pointant du doigt la dépendance aux infrastructures européennes, notamment les câbles sous-marins transitant par l’Espagne.
Selon Mohamed Tmart, expert en cybersécurité, la défaillance aurait été causée par une perte brutale de 15 gigawatts de capacité en Espagne, soit près de 60 % de sa demande énergétique. Ce déséquilibre a entraîné une déconnexion automatique de la péninsule Ibérique du réseau électrique européen. Un événement technique rare, mais qui remet sur le devant de la scène les questions de souveraineté énergétique et technologique pour des pays comme le Maroc.
Le constat est clair : en matière d’interconnexions, le modèle actuel repose sur des structures trop centralisées, exposées à des ruptures brutales. L’expert plaide donc pour une diversification urgente des liaisons internationales du Maroc, notamment par la mise en place de nouveaux câbles sous-marins indépendants de la péninsule. Des connexions vers l’Europe continentale et l’Afrique de l’Ouest pourraient offrir une meilleure résilience en cas d’incident.
Mais l’enjeu va au-delà des connexions physiques. Tmart insiste sur la nécessité pour le Maroc de renforcer ses capacités locales : investir massivement dans les énergies renouvelables, développer des centres de données nationaux et installer des dispositifs de secours pour l’électricité et les télécommunications. Il évoque également le besoin crucial de capacités de stockage et de solutions de backup, pour garantir une continuité de service même en cas de coupure transfrontalière.
Dans les heures qui ont suivi la panne, des hypothèses de cyberattaque ont rapidement émergé, alimentées par le contexte international marqué par une hausse des actes malveillants contre les infrastructures critiques. Bien que cette piste ait été écartée par les autorités espagnoles, la réaction immédiate montre à quel point les menaces numériques sont désormais prises au sérieux.
Pour faire face aux crises futures, Mohamed Tmart appelle à une véritable refonte des dispositifs de résilience nationale. Il recommande la mise en place de plans de continuité régulièrement testés, une meilleure coordination entre opérateurs critiques et autorités publiques, ainsi qu’une montée en compétence des équipes en matière de gestion de crise.
En somme, l’incident ibérique agit comme un signal d’alarme : le Maroc doit s’armer contre les risques d’interruption externe, en renforçant à la fois ses infrastructures et sa capacité d’anticipation. L’autonomie énergétique et numérique ne relève plus du confort stratégique, mais d’un impératif de sécurité nationale.
Avec Finances News Hebdo