Après avoir privilégié le solaire thermique à concentration, en particulier à travers le complexe Noor Ouarzazate, le Maroc réoriente désormais ses investissements vers le photovoltaïque associé au stockage par batteries. Cette évolution s’explique par les difficultés techniques rencontrées sur Noor III, les retards constatés sur Noor Midelt I et la forte baisse des coûts du photovoltaïque, combinée à la montée en puissance des batteries de grande capacité. Un Rapport de l’Irena confirme cette tendance, qui s’inscrit dans un contexte global de recul du CSP.

Le déclin du solaire thermique se vérifie à l’échelle internationale : l’Irena relève en effet que les investissements mondiaux dans cette technologie sont tombés à 12,1 milliards de dollars en 2024, leur niveau le plus bas depuis 2013.

Dans ce contexte marqué par une évolution rapide des technologies, le Maroc repense ses choix énergétiques. Le pays, longtemps considéré comme pionnier du CSP grâce notamment à Noor Ouarzazate, réévalue désormais ses priorités. Selon un nouveau Rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) et du Climate Policy Initiative (CPI), le pays se dirige de plus en plus vers des projets photovoltaïques intégrant du stockage.

L’étude met en avant plusieurs obstacles techniques et économiques liés à certains projets CSP. Noor III en constitue l’exemple le plus marquant : en 2024, cette centrale a subi de multiples pannes et des dysfonctionnements de son système de stockage, entraînant un arrêt de neuf mois et des pertes estimées à 47 millions de dollars. Dans un secteur où la stabilité opérationnelle conditionne l’intérêt des investisseurs, ce type d’incident a des conséquences majeures. Le CSP demeure une technologie exigeante et plus coûteuse, alors que les solutions photovoltaïques gagnent en compétitivité.

Le Rapport cite également le cas de Noor Midelt I, projet hybride initialement prévu en CSP-PV pour 800 MW et évalué à 2 milliards de dollars. Malgré la sécurisation d’un contrat d’achat d’électricité, son avancement connaît « d’importants retards ». Les autorités étudient désormais la possibilité de remplacer la composante CSP par du photovoltaïque et/ou des systèmes hybrides intégrant du stockage par batteries.

Les phases suivantes suivent la même logique : toujours selon l’Irena, Noor Midelt 2 et 3 ont été attribués en 2024 sous forme de projets PV + batteries, et non plus comme configurations hybrides incluant du CSP.

Cette réorientation résulte de deux facteurs déterminants :
– une baisse marquée du coût du photovoltaïque sur la dernière décennie,
– un développement rapide des batteries à grande capacité.

Le Maroc n’est pas un cas isolé. L’Irena souligne que, en dehors de la Chine – qui concentre 87 % de la capacité CSP ayant atteint la clôture financière entre 2023 et 2024 –, le secteur fait face à plusieurs défis : investissements élevés, temps de construction quatre fois plus longs que pour le photovoltaïque, solutions PV-stockage moins coûteuses et soutien institutionnel limité. L’Espagne illustre cette situation : son appel d’offres portant sur 220 MW de CSP en 2022 n’a attribué aucun projet et le pays a repoussé à 2030 son objectif d’atteindre 4,8 GW de capacité CSP, initialement prévu pour 2025.

En parallèle, le photovoltaïque concentre l’essentiel des capitaux mondiaux. Le Rapport indique que le secteur a attiré 554 milliards de dollars d’investissements en 2024, en hausse de 49 % par rapport à 2022-2023, soit 69 % du total consacré aux énergies renouvelables. La technologie bénéficie d’une baisse soutenue des coûts, renforcée par une large capacité de production, notamment en Chine, qui tire les prix des modules à la baisse.

Source: Le Matin

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